C'est une comparaison peu flatteuse qui fait de sa ville un haut-lieu de l'insécurité hexagonale : à en croire le syndicat de police Alliance, classé à droite, Grenoble serait devenu le "Chicago français" en raison de la délinquance. "C'est exagéré, car il y a 800 morts par balles par an à Chicago et il n'y en a pas eu à Grenoble depuis deux ans", tempère d'abord Éric Piolle, maire EELV de Grenoble. "Mais la situation est grave et a plutôt tendance à empirer qu'à s'améliorer", insiste-t-il.
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Vendredi, c'est pour tenter de faire diminuer la "grande violence" dont est victime la ville que le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, s'est déplacé en Isère pour y annoncer l'affectation d'ici à la fin de l'année 2018 "d'une vingtaine de policiers" à la circonscription grenobloise. Elle accuse à l'heure actuelle "un déficit de 33 gardiens de la paix" par rapport à ses effectifs théoriques. À ces renforts viendront s'en ajouter d'autres "dès le printemps 2019" au sein de l'antenne de la police judiciaire, qui disposera "dans les prochains jours d'une cellule opérationnelle sur les stupéfiants" afin de mieux identifier les réseaux de trafiquants.
"Il faut des moyens humains", confirme Éric Piolle au micro d'Europe 1. "La baisse des moyens décidée par Nicolas Sarkozy a été dévastatrice et a laissé s'installer un sentiment d'impunité extrêmement fort, qui se développe." Et l'édile de citer en exemple une fête de quartier, samedi dernier, quand des dealers étaient "installés à quelques mètres" de lui, "en toute impunité". "C'est ça, aujourd'hui, la réalité dans un certain nombre de quartiers", déplore-t-il.
Pas d'armes létales pour la police municipale. Côté équipements déjà existants, il mentionne environ "70 caméras connectées au service de police nationale" et des nouveaux tasers pour la police municipale. Mais il refuse de donner à cette dernière des armes létales, au nom de "la distinction de missions" avec la police nationale.
"On nous coupe les jambes et les bras". Les annonces de Gérard Collomb suffiront-elles dans ce contexte très tendu ? Selon lui, les efforts de l'exécutif pour traiter ce dossier qui dure "depuis longtemps" sont insuffisants. "On ne peut pas à la fois traiter le trafic de drogue comme un business normal [en référence à la prise en compte du trafic de drogue dans le PIB, NDLR], et ne pas agir sur le terrain en laissant les dealers s'installer. (…) Il y a une pression centralisatrice extrêmement forte, l'ensemble des collectivités sont prises à la gorge. On nous coupe les jambes et les bras."