La France peine à intégrer ses immigrés, qui adhèrent pourtant "massivement" à leur nouveau pays, au point que la seconde génération fait souvent moins bien que la première, selon une vaste étude menée par l'Insee et l'Ined et dévoilée vendredi. "Il y a une intégration à sens unique", avec la persistance de discriminations multiples, a expliqué Cris Beauchemin, chercheur à l'Ined, l'un des auteurs de cette très attendue étude "Trajectoires et origines" (Teo) menée auprès de 22.000 personnes.
"Déni de francité". D'un côté, une immense majorité des immigrés ou de leurs descendants se disent "d'accord" avec la phrase "je me sens Français" ou "je me sens chez moi en France" (93% pour la deuxième génération). Mais ils se heurtent régulièrement à ce que les auteurs appellent un "déni de francité", qui les renvoie à leurs origines. En effet, "la francité n'est pas attribuée sur la base de la nationalité ou de codes culturels" comme la langue, mais sur une idée de ceux "qui ressemblent à des Français" ou non. Les premiers à en souffrir sont les Africains, les Maghrébins et les Asiatiques, soit les "minorités visibles".
Des situations qui se dégradent entre 1ere et 2e génération. Selon cette étude, les immigrés de la deuxième génération font moins bien que leurs parents. Le phénomène touche surtout les garçons : "plusieurs indicateurs montrent que les fils de migrants occupent des situations inférieures à celles des migrants eux-mêmes", alors que pour les filles c'est l'inverse, note l'étude, qui pointe le rôle pivot de l'école. 32% des descendants de parents nés au Maghreb n'ont aucun diplôme au-delà du brevet des collèges, contre 16% pour la "population majoritaire".
Discriminations plus fréquentes envers les hommes ? Les déclarations de discrimination et de racisme sont également "plus fréquentes chez les hommes que chez les femmes", note l'étude, qui souligne malgré tout leur récurrence dans presque tous les domaines de la vie des immigrés. 47% des personnes originaires d'Afrique subsaharienne, 32% du Maroc, 30% d'Algérie disent ainsi avoir fait l'expérience de discriminations, selon cette étude.