"Edouard Philippe remet de l'huile sur le feu". Interrogé samedi soir sur Europe 1, Rémi Aufrère-Privel, secrétaire général adjoint de la CFDT-Cheminots, a dénoncé l'intervention du Premier ministre, un peu plus tôt dans la journée, à propos du mouvement des cheminots.
Alors que de nombreux agents de la SNCF exercent leur droit de retrait suite un accident qui a fait plusieurs blessés mercredi, dont un conducteur de train, le chef du gouvernement s'est rendu ce samedi à la Gare de l'Est à Paris. Il y a dénoncé un "détournement du droit de retrait" exercé par les agents SNCF perturbant la circulation. "Le droit de retrait est un droit syndical que je respecte complètement mais qui n'est pas mis en oeuvre et qui s'est transformé en une grève sauvage", a-t-il déploré. "J'ai demandé à la SNCF d'examiner toutes les suites, y compris judiciaires, qui pouvaient être données lorsque des gens ne respectent pas la loi", a poursuivi Édouard Philippe.
"Avec cette déclaration, Edouard Philippe remet de l'huile sur le feu. Et ce n'est vraiment pas nécessaire en ce moment. Nous sommes pour l'apaisement, et a priori, ce n'est pas le choix fait par le Premier ministre, et c'est très regrettable", lui a rétorqué Rémi Aufrère-Privel au micro d'Europe 1.
"Ce serait un peu ridicule de devoir organiser une grève de solidarité..."
"Cela peut créer un état d'esprit très radical, y compris contre l'intérêt des cheminots et des voyageurs", poursuit le syndicaliste. "Aujourd'hui, il ne faut pas agiter la menace de sanction", réclame-t-il. Avant de prévenir : "Ce serait un peu ridicule de devoir organiser une grève de solidarité pour défendre tous les collègues qui sont engagés dans des poursuites judiciaires par la direction..."
Comme vendredi, le trafic SNCF a été très perturbé samedi, au premier jour des vacances scolaires. SUD-Rail, ainsi que la CGT-Cheminots, FO-Cheminots et la Fgaac-CFDT, contestent le mode d'exploitation "équipement agent seul" qui permet de faire circuler des trains sans contrôleur, évoquant des risques de sécurité pour les voyageurs, alors que selon la direction "il existe depuis des dizaines d'années".
Mais samedi, le patron de la SNCF a contesté en personne la validité du droit de retrait exercé par les agents de l'entreprise et annoncé son intention d'aller devant la justice pour faire reconnaître qu'il s'agit d'une grève "surprise", sans préavis. "Ce n'est pas aujourd'hui un droit de retrait, il n'y a aucun danger grave et imminent sur aucun train à la SNCF", a estimé Guillaume Pepy, interrogé sur BFMTV.