"Les situations varient. Les modes de protections aussi", peut-on lire sur des affiches aux couleurs pastel qui présentent des couples d'hommes enlacés. Une nouvelle campagne de prévention contre le VIH à destination des hommes homosexuels qui ne plaît pas à Christine Boutin, Jean-Frédéric Poisson, ou encore aux militants de la Manif pour tous. Sur les réseaux sociaux, le débat s’est rapidement transformé en affrontement.
- Acte 1 : une campagne de prévention à destination des hommes
Les destinataires de cette campagne lancée par SexoSafe.fr, un site géré par Santé publique France (un établissement public sous tutelle du ministère de la Santé, ndlr), sont clairement affichés : les hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes. Car avec 4 à 5 personnes sur 10 qui découvrent leur séropositivité chaque année, c’est la population la plus touchée par le VIH et les autres infections sexuellement transmissibles.
Les situations varient... Les modes de protection aussi :
— Sexosafe.fr (@sexosafe_SPF) 18 novembre 2016
#Préservatifs
#Dépistages
#PrEP
#TasP
#TPE
https://t.co/6RL81g8PLFpic.twitter.com/MxzkBUdlA4
Alors pour toucher ce public, les allusions aux relations sexuelles sont discrètes mais explicites : "Avec un amant, avec un ami, avec un inconnu", "S'aimer, s'éclater, s'oublier". Des formulations qui n’ont pas plu à tout le monde.
- Acte 2 : un acte de vandalisation félicité par Christine Boutin
Face à ces affiches, Louis Ronssin, un militant contre le Mariage pour Tous, a tweeté, jeudi dernier, une photo de l’une des affiches dont les messages sont cachés par de la peinture blanche avec pour commentaire : "Nettoyage en cours".
Nettoyage en cours à deux pas d'une école primaire pic.twitter.com/hEKkcK2xfb
— Louis RONSSIN (@LRonssin) 17 novembre 2016
Une action qui a rencontré un certain succès puisque le tweet a été repris plus de 1.700 fois et que Louis Ronssin a même été félicité par Christine Boutin, présidente d’honneur du Parti Chrétien Démocrate : "Merci mais quelle honte !".
@LRonssin merci mais quelle honte !
— christine Boutinن (@christineboutin) 18 novembre 2016
Les commentaires sous ce tweet se sont alors enchaînés, soit en soutien à cette vandalisation soit pour dénoncer le commentaire de l’ancienne ministre. Le débat s’est peu à peu transformé en guerre des clans.
- Acte 3 : les réponses des twittos
"Y a-t-il une affiche sur les relations consanguines et incestueuses entre cousins germains ?", s’interroge un internaute en faisant allusion à la propre situation de Christine Boutin, mariée à son cousin. Si certains comme l’élu parisien Ian Brossat ont laissé échappé des injures,
Salopards. https://t.co/7BGGRFIz3K
— Ian Brossat (@IanBrossat) 18 novembre 2016
d’autres ont répondu par des photos de baisers entre hommes et entre femmes.
Encore une journée où l'homophobie va envahir Twitter. Aimez-vous, protégez-vous, soyez heureux, soyez beaux, soyez forts. #Prévention#VIHpic.twitter.com/itXMnT0KYX
— Vincent (@wave_back) 18 novembre 2016
j'espère que la fille de @NSevillia ne regarde pas @TheCWSupergirl car il va pas savoir comment lui expliquer 2 femmes qui s'embrassent pic.twitter.com/mqYCkNHF7m
— Anthony Bateman (@Anthony_Bateman) 20 novembre 2016
Même certains catholiques se sont désolidarisés de ces commentaires comme l’a fait @alpahufa, qui a préféré la tolérance à la condamnation.
.@christineboutin Mes grds-parents sont chrétiens aussi, ont fait Compostelle plusieurs fois et sont tolérants. P-être devriez-vous essayer.
— Antoine (@alpahufa) 18 novembre 2016
- Acte 4 : un argument choc : l’atteinte à l’innocence des enfants
Louis Ronssin précise dans son tweet qu’il s’agit d’une affiche à proximité d’une école primaire, sous-entendant sans doute qu’elle pourrait choquer les enfants qui passeraient devant. Un argument également avancé par la Manif pour Tous sur son compte Twitter.
Est-ce une campagne anti-Sida ou un appel au "sexe-conso" ? Pas clair aux yeux du public#ONLRpic.twitter.com/FnCAq2mFmd
— La Manif Pour Tous ن (@LaManifPourTous) 18 novembre 2016
Visiblement outré, un père de famille, qui a ensuite retweeté de nombreux actes de vandalisation d’affiches, pose la question au ministère de la Santé : "Je dis quoi à ma fille de 8 ans ?".
Je dis quoi à ma fille de 8 ans ? #Vousêtesdesmonstres@MinSocialSantepic.twitter.com/DnBpyc1trx
— Nicolas Sévillia (@NSevillia) 17 novembre 2016
Les twittos se sont alors empressés de lui adresser des réponses à donner à sa fille : "Tout simplement, peu importe qu'elle aime une fille ou un garçon vous continuerez de l'aimer en père !", propose @ronyboystation. "Vous pouvez lui dire que la diversité c'est bon pour la société par exemple!", conseille SOS Homophobie. Marisol Touraine lui a, pour sa part, conseillé de lui expliquer "qu'elle a la chance de vivre dans un pays où on informe les gens, sans déni, pour les aider à se protéger contre des maladies graves".
Quelques uns refusent de voir 2 hommes ensemble, veulent censurer cette campagne ? Partagez la ! Vos RT sont la + belle réponse. #loveislovepic.twitter.com/nPfCfFxsBR
— Marisol Touraine (@MarisolTouraine) 18 novembre 2016
- Acte 5 : une pétition lancée par Jean-Frédéric Poisson
Dès vendredi dernier, Jean-Frédéric Poisson, président du Parti démocrate chrétien et candidat à la primaire de la droite à ce moment-là, a lancé une pétition intitulée : "Retrait des affiches indécentes et homophobes". Car selon la page de Citizen Go, cette campagne "diffuse un message extrêmement choquant pour nos enfants, d'autant plus qu'il est avéré qu'elle a été indifféremment affichée jusque près de leurs écoles." Et elle est aussi accusée d'homophobie car elle réduirait "les personnes homosexuelles à de simples copulateurs compulsifs". Lundi matin, cette pétition a récolté près de 28.000 signatures sur les 50.000 espérées.