Revalorisations des soignants : le secteur privé regrette d'être «exclu» des annonces d'Elisabeth Borne
Ce jeudi soir, Elisabeth Borne annonçait des revalorisations de salaires pour les soignants du secteur public, afin d'enrayer la crise qui touche les hôpitaux. Les soignants du secteur privé ont alors déploré ce vendredi que leur personnel paramédical soit à ce stade "exclu" des annonces faites par la Première ministre.
Les hôpitaux privés ont déploré vendredi que leur personnel paramédical soit à ce stade "exclu" des revalorisations annoncées par le gouvernement, dénonçant un "traitement inégalitaire". Pour tenter d'enrayer la crise de l'hôpital, frappé par une pénurie de soignants, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé jeudi soir une série de revalorisations du travail de nuit et du dimanche. Alors que la revalorisation de 50% des gardes des médecins, pérennisée, va désormais s'étendre aux hôpitaux et cliniques privées, le rehaussement annoncé de 25% du salaire de nuit des personnels "non médicaux" (infirmières, aide-soignantes...) ne concernent pour l'instant que le secteur public.
Des "discussions" sont nécessaires avec les représentants du privé, en raison notamment des "règles de convention collective", a expliqué Matignon. "Indispensables" pour l'attractivité des métiers, ces mesures "ne peuvent constituer des mesures catégorielles ciblées, lorsqu'elles excluent, comme c'est le cas aujourd'hui", le privé, plaide dans un communiqué la fédération de l'hospitalisation privée (FHP). Les soignants "exercent les mêmes missions au service des mêmes patients" souligne le président Lamine Gharbi. "Nous posons la question d'une discrimination des soignants par le gouvernement", réagit aussi dans un communiqué l'Union française pour une médecine libre (UFML, médecins libéraux).
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Grève illimitée à partir du 13 octobre
La décision de l'exécutif "participe-t-elle d'une volonté de siphonner les infirmières du privé (...) ?" Alors que les médecins libéraux ont annoncé une grève illimitée à partir du 13 octobre, l'UFML assure qu'elle "n'hésitera pas" à appeler le secteur hospitalier privé à s'y associer, si la situation "ne se débloque pas". Représentant des infirmiers dans les deux secteurs, le porte-parole du SNPI (Syndicat national des professionnels infirmiers) Thierry Amouroux, estime que le privé "finira par s'aligner". Il salue cette revalorisation "enfin calculée avec un pourcentage du salaire", qui prend en compte "ancienneté et expérience".
Mais "le pourcentage reste faible. Avec un salaire moyen à 16,50 euros de l'heure, ça fait 4,12 euros de revalorisation par heure de nuit, à comparer avec le forfait actuel de 2 euros". "Insuffisant" pour arrêter la fuite des soignants, estime-t-il. "Globalement, on reste exploités, avec des salaires indignes". "Si on part en Belgique, c'est +30%, en Suisse le salaire brut est doublé", note-t-il. Et "la première cause de départ, c'est le ratio, le nombre de patients par infirmières", qui atteint en France "le double des normes internationales".