"La malchance s'est posée sur Trèbes, mais je sais que les beaux jours vont revenir." Un mois jour pour jour après les inondations meurtrières qui ont touché la petite ville de l'Aude, les habitants tentent tant bien que mal de panser leurs plaies. Europe 1 est allé à leur rencontre.
"On aimerait retrouver notre outil de travail". Philippe tient un garage à côté du Super U où, il y a huit mois, un attentat a fait trois morts. S'il essaie de faire contre mauvaise fortune bon cœur, les inondations qui ont ravagé son lieu de travail sont toujours sources de stress, quatre semaines plus tard. "On a des bureaux de fortune. L'informatique est revenu seulement cette semaine, mais on n'a pas encore de standard téléphonique. On travaille dans des conditions qui ne sont pas faciles", déplore-t-il pudiquement. "Au niveau du moral, il y a des hauts et des bas. Il nous tarde d'être en capacité de faire notre vrai travail, et ne pas être à gérer des éventuels conflits avec les experts, les assurances. Car les assureurs veulent payer le moins possible, et nous, on aimerait retrouver un outil de travail tel qu'il était avant l'inondation", défend-il.
" On ne travaille pas, on vivote "
"Psychologiquement, il fallait que je rouvre". Plus de 350 familles de Trèbes sont toujours hébergées chez des proches ou dans des logements provisoires. Les sinistrés viennent régulièrement vider leurs maisons, recevoir les experts et parfois déjeuner chez Sylvie, le seul restaurant qui a rouvert. Pour elle aussi, l'enchaînement des drames pèse, mais elle refuse de se laisser abattre. "On ne travaille pas, on vivote. Mais psychologiquement, il fallait que je rouvre. Pour que les sinistrés aient un endroit convivial pour se retrouver", assure-t-elle. Quand les pluies torrentielles se sont abattues sur sa commune, Sylvie n'était "pas encore remise des attentats". "Il fallait que j'évacue. Les psychologues sont venus me voir et ça va mieux. Maintenant, je peux en parler sans pleurer."
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"Les enfants veulent revenir à Trèbes". Les maisons ne seront pas habitables avant au moins un an, le temps qu'elles sèchent, que les assurances donnent leur feu vert, et que les travaux soient effectués. Ces longs mois d'attente avant de pouvoir retrouver une vie normale semblent une éternité aux yeux de Carmen et de ses cinq enfants. Ils ont trouvé une maison à 60 km de Trèbes, mais les allers-retours pour aller travailler, s'occuper de la maison sont difficiles à supporter. Surtout, ses enfants vivent très mal leur changement d'école forcé, au point de ne plus vouloir mettre les pieds dans leur nouvel établissement scolaire. "Ils veulent revenir à Trèbes. Ils me disent : 'Maman, qu'est-ce qu'on fait là ? On doit partir'. Mais on ne peut pas partir, et les enfants le prennent très mal", confie la mère de famille.
Pour l'heure, Trèbes est toujours coupée en deux : la zone sinistrée au sud, où l'école, la piscine ou encore la maison de retraite vont être rasées et reconstruites au nord. Dans la zone épargnée.