Vous serez très nombreux ce week-end à tenir Lionel Messi entre vos mains. Le quadruple Ballon d'Or est en effet en couverture de l'édition française de Fifa 14, le jeu de simulation de football de référence, dont chaque nouvelle version se classe dans les biens culturels les plus vendus dans l'Hexagone. Mais, si vous vous trouvez en Angleterre ou en Italie, Messi, une fois n'est pas coutume, partagera la vedette. En effet, il existe une douzaine de versions différentes de la jaquette, où "Leo" apparaît en compagnie d'un ou plusieurs autres joueurs.
Sur la version anglaise, on retrouve ainsi à ses côtés le Gallois Gareth Bale ("édité" in extremis avec le maillot du Real Madrid) et sur la version italienne, Messi cohabite avec Stephan El-Shaawary (AC Milan). "Messi a été signé par EA sports au niveau monde et figure à ce titre sur toutes les jaquettes", explique à Europe1.fr Antoine Cohet, responsable marketing d'EA Sports France, éditeur du jeu. "Après, chaque pays peut choisir d'ajouter un joueur sur le packaging ou non."
Benzema disparaît de la jaquette
Pour la France, ce fut donc non. Après quatre ans de présence sur la jaquette sous le maillot du Real, dont la dernière en duo avec Messi, Karim Benzema a ainsi disparu de la nouvelle version. "Ca faisait quatre-cinq ans qu'on travaillait avec lui, on voulait faire évoluer notre pack", explique Antoine Cohet, qui précise que EA Sports travaille encore avec l'attaquant du Real dans le cadre d'opérations spéciales. "Concernant le pack, on avait le sentiment d'avoir fait le tour avec Karim." Pour autant, aucun autre joueur n'a pris la place laissée vacante par l'international tricolore, dont l'inefficacité en Bleu n'a sans doute pas été un atout, non plus, dans ce "dossier"... "Plutôt que de le remplacer à brûle-pourpoint, nous nous sommes dit : on a le meilleur joueur du monde (sous contrat), on va lancer une nouvelle console, concentrons-nous sur lui."
Pourtant, on trouve bien un joueur du championnat du France sur l'une des pochettes du jeu : Falcao, qui porte fièrement le maillot de l'AS Monaco aux côtés de Messi et du Chilien Arturo Vidal sur la déclinaison Amérique du Sud du jeu (Brésil excepté). "On commence à plancher sur le packaging du jeu six à neuf mois à l'avance. Généralement, le joueur en couverture figure également dans des publicités donc il faut le temps de se préparer. A l'époque où on a réfléchi au packaging, soit entre février et mars, Falcao jouait à l'Atletico Madrid et il était plus proche d'être transféré au Real ou à Manchester City qu'à Monaco, qui était encore en Ligue 2." Et "Ibra" ? "Oui, ce serait envisageable de l'avoir. Pour mettre un joueur en couverture, il faut avoir l'accord du joueur mais également du club, dont certains possèdent une partie de ses droits marketing."
"Ribéry, son agent était devenu un peu trop gourmand"
Pas de joueur de Ligue 1, donc, en Une, ni même de joueurs français. Franck Ribéry, récemment élu meilleur joueur évoluant en Europe, n'aurait-il pas eu sa place ? "On a travaillé deux ans avec Ribéry sur Fifa 08 et 09. A l'époque, il était au top, il venait de quitter Marseille pour rejoindre le Bayern (en 2007). Mais on a arrêté de bosser avec lui parce que son agent était devenu un peut trop gourmand d'un point de vue financier." En 2011, c'est Hugo Lloris qui était en couverture. "On ne travaille plus avec lui. Lloris est quelqu'un de très sympathique mais il est un peu introverti et nous, on a besoin de gens qui ont plus de personnalité, qui sont plus extravertis, qui parlent plus aux gens." A l'évidence, il n'y en pas encore beaucoup parmi les joueurs français.
Ce qui n'empêche pas EA Sports de travailler pour des relations publiques avec des joueurs confirmés (Gignac, Mandanda) ou des stars en devenir (Matuidi, Varane). Devant la pénurie d'immenses stars parmi les joueurs tricolores, la filiale française d'EA Sports a donc choisi de laisser Messi seul, à l'instar de ce qui s'est fait en Allemagne ou en Espagne. "Il vaut mieux mettre des top joueurs plutôt que des joueurs intermédiaires, pour absolument mettre un joueur de Ligue 1 ou un joueur français", estime Antoine Cohet.
Mais, comme en Angleterre ou en Italie, il existe des exceptions, avec des joueurs relativement méconnus du grand public chez nous, mais qui sont d'immenses stars dans leur pays, comme le défenseur du Bayern David Alaba sur la version autrichienne ou l'attaquant de Fenerbahçe Michal Kadlec en République tchèque. C'est le cas aussi du "super remplaçant" de Manchester United, le Mexicain "Chicharito Hernandez", présent sur la jaquette dans toute l'Amérique du Nord. Mais, la jaquette, est-ce important, finalement ? "La première chose, c'est que le jeu soit bon. Après oui, ça participe de l'imaginaire des jeux de se dire : il y a le meilleur joueur du monde sur le meilleur jeu de football du monde, donc forcément ça a un impact." En espérant que l'affaire de fraude fiscale à laquelle ce "meilleur joueur du monde" doit faire face ne nuise pas trop à cet impact...