Avec son bandana autour du front, ses longues et minutieuses routines, son coup droit lasso, Rafael Nadal, longtemps incertain, était bien sur le Central lundi, mais c'est Alexander Zverev qui s'est imposé en trois sets face au roi de Roland-Garros.
"Je ne suis pas sûr à 100%, mais si c'est la dernière fois, je me suis amusé"
L'Allemand, 4e mondial, a quand même mis 3h05 pour vaincre la résistance acharnée de l'Espagnol et s'imposer 6-3, 7-6 (7/5), 6-3 dans ce qui pourrait s'avérer avoir été le dernier match de Nadal à Roland-Garros depuis ses débuts et le premier de ses 14 titres, en 2005. "Je ne suis pas sûr à 100%, mais si c'est la dernière fois, je me suis amusé", a assuré l'Espagnol en répétant après la rencontre qu'il y avait "un gros pourcentage de chances" qu'il ne revienne pas.
"J'espère en tout cas revenir pour les Jeux olympiques" cet été, a-t-il ajouté. Jamais Rafael Nadal n'avait été éliminé au premier tour de Roland-Garros. Mais était-ce vraiment un premier tour ? Dans les faits, oui, évidemment. Mais le monde dans les tribunes (dont Novak Djokovic, Carlos Alcaraz ou Iga Swiatek), la tension et le niveau de son adversaire ont plongé l'événement dans une ambiance de finale.
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Un public au rendez-vous
Rien à voir en tout cas avec un match du premier tour habituel, ni avec le match précédent qui opposait pourtant l'inarrêtable Iga Swiatek à la Française Léolia Jeanjean. Sous le toit fermé, le volume de l'ovation augmente au fur et à mesure que le speaker égrène les quatorze sacres de Rafael Nadal, jusqu'à l'explosion au moment où son nom est prononcé. Alexander Zverev est, lui aussi, largement ovationné... mais un peu moins.
Le premier échange de la partie, sur le service de Nadal, se conclut sur une amortie complètement ratée de l'Espagnol qui va encore encaisser un coup gagnant, commettre une double faute et envoyer un dernier revers dans le filet pour laisser échapper d'entrée son jeu de service. Non seulement Zverev n'est pas impressionné par son adversaire, mais il accepte avec délectation le bras de fer du fond du court : Nadal n'est plus aussi rapide qu'à ses beaux jours et se laisse petit à petit déborder.
Les temps changent : Rafa est pris dans les longs échanges et ce sont les gros coups droits de son adversaire qui font mouche, non plus les siens. Les "Vamos Rafa" s'élèvent des tribunes et les points de l'Espagnol sont bruyamment célébrés. En particulier lorsque, à l'encontre d'une tactique éprouvée des années et des années, Nadal gagne un point en faisant service-volée. S'il n'a plus la cylindrée de ses vingt ans, Nadal n'a en revanche rien perdu de son esprit combatif.
Quelques très jolis coups dans le 4e jeu du deuxième set le réveillent, lui et le public. Alors que les tribunes se lèvent comme un seul homme pour hurler leur joie de le voir remporter son jeu de service avec la manière, lui-même crie son contentement dans un grand saut et le point serré. Dans la foulée, une amortie gagnante lui permet de faire le break pour mener 3-2. Il confirme à 4-2 en réussissant enfin un gros coup droit d'attaque long de ligne que Zverev ne parvient pas à remettre dans le court.
Un match sous pression
Soudain, ses frappes claquent beaucoup plus. Ses balles sont plus longues, il est plus incisif et réussit des prouesses à la volée. Dans le même temps, son adversaire commet quelques fautes directes et Nadal se retrouve à servir pour le set à 5-4. Mais au lieu de conclure, il concède un break blanc. Et c'est lui qui se retrouve de nouveau sous pression à servir pour emmener le set au tie break. Malgré tous ses efforts et quelques coups fumants, il ne peut empêcher l'Allemand de mener deux sets à zéro.
Mais si Zverev pensait avoir éteint les velléités de son adversaire, ce dernier lui remet rapidement les idées au clair en réussissant le break pour mener 2-0 en début de troisième manche. Zverev revient dans le combat et réussit de hautes luttes à égaliser à 2-2. Il se procure même quatre balles de break pour mener 3-2, mais Nadal les sauve et remporte finalement sa mise en jeu en plus de 11 minutes. Ce sera insuffisant : à 3-3, l'Allemand aligne trois jeux d'affilée pour s'imposer, malgré les encouragements sonores pour son adversaire.