Christopher Froome, inquiété par ses rivaux jusqu’au contre-la-montre de samedi, a lutté (presque) jusqu’au bout pour remporter dimanche son quatrième Tour de France. Jamais, depuis son premier succès en 2013, le Britannique n’avait compté aussi peu d’avance sur ses poursuivants (54 secondes sur Rigoberto Uran, deuxième, et 2 minutes 20 sur Romain Bardet, troisième).
S’il n’a pas assommé le Tour en montagne, comme lors des années précédentes, Froome a cette fois pu compter, encore plus qu’à l’accoutumée, sur l’impressionnante force collective de la Sky, la meilleure équipe au monde, pour défendre son Maillot jaune.
La Sky décourage ses adversaires. Christopher Froome l’a avoué lui-même, lundi, au journal L’Équipe : il aurait pu tout perdre lors de l’étape-reine des Pyrénées, le 13 juillet. À l’arrivée à Peyragudes, le Britannique avait calé à la surprise générale dans la montée finale et concédé une vingtaine de secondes sur ses rivaux directs, Fabio Aru, Romain Bardet et Rigoberto Uran.
"Je savais que ça n’allait pas bien", se souvient-il, avant d’avouer qu’il aurait pu perdre bien plus de temps ce jour-là. "Si deux ou trois de mes rivaux m’avaient attaqué dans Peyresourde (le col juste avant l’arrivée à Peyragudes, ndlr), j’aurais perdu beaucoup plus que vingt secondes. Cela aurait pu être une minute ou plus, et j’aurais pu perdre le Tour", assure Froome.
Mais alors, pourquoi ses rivaux n’ont-ils pas tenté d’attaquer plus tôt ? Parce que le "train" Sky inspire visiblement non seulement le respect, mais également la crainte. "Froome a une telle armada autour de lui ! C'est toute la force de Sky d'avoir trois-quatre leaders potentiels autour de Froome, ça décourage pas mal de monde", avait déclaré Romain Bardet, quelques jours plus tard.
Landa, un coéquipier au niveau des meilleurs. Christopher Froome est en effet accompagné par une "dream team" sans équivalent sur le circuit, du Polonais Michal Kwiatkowski, champion du monde 2014 et vainqueur du dernier Milan-San Remo, du vétéran espagnol Mikel Nieve (14ème du Tour cette année), ou encore du Colombien Sergio Henao. Il a surtout bénéficié de l’aide de l’Espagnol Mikel Landa, quatrième du Tour. Le Basque a non seulement travaillé pour son leader, mais il a également échoué tout près du podium, échouant à seulement une seconde de Romain Bardet.
Landa, impressionnant de facilité, a même semblé meilleur que son leader en montagne, au point de le devancer à Peyragudes. Le Basque, réputé ingérable, a cependant gardé ses ambitions pour plus tard. "Pour 2018, mon avenir n’est pas encore décidé, mais je ne voudrai plus disputer de grand Tour comme équipier, à moins que ce soit moi qui le décide. Je veux être leader", a-t-il affirmé sans détour. Landa, en instance de départ de la Sky, pourrait donc être un des plus sérieux concurrents pour Froome dans les années à venir…
En bon gestionnaire. Mais la Sky, elle, devrait rester dévouée à son leader, comme elle l'a été cette année. Froome n’a même pas eu besoin de remporter une étape, une première pour un Maillot jaune depuis la victoire sur tapis vert de l’Espagnol Oscar Pereiro en 2006 (après déclassement de Floyd Landis). Il n’a pas écrasé la concurrence dans les étapes de montagne, ne semant aucun de ses rivaux dans les Pyrénées ou dans les Alpes. Le Britannique s’est davantage mué en gestionnaire pour défendre son Maillot jaune. Avec l’aide de ses coéquipiers, mais pas seulement.
Car, Sky ou pas, le Britannique n’a jamais été menacé pour la victoire finale, hormis à Peyragudes. Froome n’a eu besoin de personne pour étaler sa supériorité en contre-la-montre, terminant sixième à Düsseldorf, à 12", puis troisième à Marseille, à 6". Il a également su résister aux attaques de ses rivaux, Romain Bardet en tête, lors de la dernière semaine, dans les Alpes. Même moins bulldozer, Froome garde toujours un train d’avance sur ses adversaires…