"Cela fait quelques temps que j’essaye d’apprendre le Japonais mais j’ai beaucoup de mal." Cet aveu, Laurent Tillie, l’exprime avec un large sourire. L’entraîneur de l’équipe de France de Volley depuis maintenant 8 ans, s’apprête à prendre son baluchon, direction le Japon et la ville d’Osaka. L’ancien joueur de Cannes a en effet signé un contrat de 4 ans avec le club de la ville. "Cela remonte à pratiquement un an, je trouvais que pour entraîner une équipe de France, il fallait être dynamique, j’avais exprimé le souhait de prendre plus de recul. La perspective de Paris 2024 était intéressante comme challenge mais ça me paraissait trop loin", concède-t-il sur Europe 1. "Je m’apprêtais à prendre une année sabbatique mais Osaka m’a proposé une aventure de 4 ans là-bas, sur un poste de manager général avec ambition de faire des résultats, de travailler avec des jeunes joueurs et de les développer. Cela m’a fait craquer."
Nouvelle culture et nouvelle langue pour un volley-ball différent
S’il a accepté cette offre, c’est aussi pour découvrir une nouvelle culture, différentes en bien des points avec l’Europe. "C’est aussi cette partie-là qui m’a énormément intéressé. Entrer dans une nouvelle culture, un nouveau mode de raisonnement. La culture japonaise est totalement différente de ce qu’on connaît ici, ça m’a fasciné. Ce qui va être très enrichissant", souligne-t-il. Avec un obstacle de taille : la langue. "Cela va être le challenge, les mots sont très importants dans une équipe, pour motiver les joueurs, pour garder cette espoir de réussir. Mais au-delà des mots et de la langue, c’est leur conception de pensée qui est différente. Je dois trouver mes clés, des entrées, je dois me réinventer pour réussir mon challenge. C’est sûr que j’aurais un interprète (sourires)."
Mais Laurent Tillie ne part pas en terre inconnue, le pays du Soleil levant fait partie des nations pionnières dans l’histoire du volley. "Le Japon a été un précurseur du volley-ball moderne. Il y a eu différentes ères, mais ils ont inventé le volley-ball moderne, ils ont inventé la manchette pour avoir une meilleure réception, ils ont aussi inventé des ballons légers", rappelle Laurent Tillie. "Et c’est resté. Ils ont une telle culture de la technique, du geste parfait. Ça me fascine aussi sur le plan technique et tactique." S’il concède que les joueurs nippons "manquent de hauteur et de puissance par rapport au jeu européen et nord-américain, ce qui fait d’ailleurs la différence" il salue le "jeu de patience, de réflexion" qui fait la force des Japonais.
"Ils attendent mon expérience, mais j'apprends aussi par eux"
Une aventure qui enrichissante aussi pour son rôle de sélectionneur des bleus, quatrième du dernier Euro disputé en France. "Ils attendent mon expérience mais j’apprends aussi par eux. Ils ont des entraînements très riches qu’on n’a pas l’habitude de voir en Europe. Là, c’est vraiment atypique (rires). C’est la beauté de ce challenge. J’y vais pour apporter, mais aussi pour recevoir beaucoup." Le grand saut est prévu pour cet été, Laurent Tillie n’ayant plus de rendez-vous inscrits au calendrier avec l’équipe de France, Covid-19 oblige.