La Française Julia Ducournau a remporté la Palme d'or. 1:24
  • Copié
Mathieu Charrier, édité par Antoine Terrel , modifié à
Avec la Palme d'or pour "Titane", de la Française Julia Ducournau, le jury du Festival de Cannes a décidé de récompenser un film radical et violent, qui ne manquera pas de diviser. Plus globalement, le palmarès met surtout à l'honneur des films pour cinéphiles avertis. 
ANALYSE

Après une dizaine de jours de compétition, on connaît enfin le palmarès de la 74e édition du Festival de Cannes. Samedi soir, la Française Julia Ducournau a remporté la Palme d'or pour son film Titane, devenant la deuxième femme à décrocher cette récompense, 28 ans après Jane Campion. Le choix du jury présidé par Spike Lee s'est donc porté sur l'œuvre la plus dérangeante et violente de la sélection, le tout au sein d'un palmarès très cinéphile. 

"Titane", une œuvre viscérale et dérangeante

Car de la Palme d’or au prix du jury, en passant par les prix de la mise en scène, ce sont des films intéressants, mais pointus, qui ont été primés. La Palme est revenue à Titane, donc, film sur la maltraitance des corps et le genre interdit au moins de 16 ans. C'est une œuvre que l'on adore ou que l'on déteste. Il n’y a pas de juste milieu, tant il est viscéral et maltraite les corps. Le premier film de la réalisatrice, Grave, racontait une histoire de cannibalisme dans une école vétérinaire et avait été présenté à la Semaine de la critique il y a 5 ans, où il avait déjà fait sensation. Au-delà de la récompense pour le film, c’est aussi un prix très politique qu’a remis le jury.

Le prix du jury a lui été remporté par Memoria, d'Apichatpong Weerasethakul, l’histoire d’une jeune femme qui cherche à comprendre d’où lui vient ce grand boom qu’elle a entendu, magnifique et onirique mais à l’histoire difficilement compréhensible. Le film du cinéaste thaïlandais est ex aequo avec Le genou d'Ahed, dans lequel un cinéaste israélien se bat pour la liberté culturelle et politique, mais avec une mise en scène pour le moins chaotique. Sans oublier le prix du scénario au très beau Drive my car, du japonais Hamaguchi, sur le deuil et la création. Un très beau film, mais qui dure plus de trois heures.

"Un héros", le film le plus abordable

Il faut finalement lorgner vers les prix d’interprétation pour trouver des films plus abordables, avec notamment Julie en 12 chapitres, sur l’histoire de cette trentenaire qui ne veut pas d’enfant et cherche avant tout à rester libre. L'actrice norvégienne Renate Reinsve a été primée pour ce rôle fort, tout comme Caleb Landry Jones chez les acteurs pour son rôle dans Nitram, dans la peau de ce jeune australien qui a tué 35 personnes en 1996.

Le prix de la mise en scène échoit à Leos Carax et son Annette, porté par Adam Driver et Marion Cotillard. Enfin, le film primé le plus abordable est sans doute celui de l’iranien Ashgar Farhadi, Grand Prix pour Un héros, l’histoire d'un homme broyé par l’administration et le système médiatique iranien.