Il était à sa tête depuis huit ans. Jean-Claude Trichet va quitter la présidence de la Banque centrale européenne (BCE) lundi. L’ancien directeur de cabinet d'Édouard Balladur au ministère des Finances et l’ex-gouverneur de la Banque de France laisse sa place à l'Italien Mario Draghi et un lourd héritage.
Une fin de mandat en pleine crise
Son mandat s’achève effectivement en pleine tempête au sein de la zone euro. Dimanche, le Français a assuré dans un entretien au journal Bild am Sonntag que "la crise n'est pas terminée". Et Jean-Claude Trichet de prédire : "elle a mis à nu la faiblesse des économies développées. Nous allons voir à présent la faiblesse des économies américaine et japonaise, mais également, les faiblesses de l'Europe".
Déjà lors de sa dernière audition devant le Parlement européen, ce fervent défenseur de la construction européenne avait déclaré que l’UE est "l'épicentre de la crise la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale". Des propos qui ont sonné comme une ultime tentative de pousser à l'action les responsables politiques, qui auraient tardé à mesurer de la gravité de la situation et à se donner des moyens d'en sortir. Depuis, un sommet a permis d'arracher des avancées : le fonds de secours européen (FESF) sera renforcé, comme la discipline budgétaire.
Un bilan en demi-teinte
Au cours des quatre dernières années, Jean-Claude Trichet, qui aura 69 ans en décembre, n'a épargné ni sa peine ni sa réputation pour porter secours aux banques de la région et tenter d'empêcher que l'économie ne soit affectée. C'est sous son impulsion que l'institution de Francfort, encore en chantier à son arrivée en 2003, a pris dès août 2007, aux prémices de la crise financière, des mesures exceptionnelles pour éviter une panne de liquidités aux banques.
C'est aussi sous sa houlette que la décision taboue de racheter des obligations souveraines sur le marché secondaire a été entérinée au printemps 2010 pour tenter de mettre un frein à l'envolée des taux d'emprunt grecs. Une décision qui a valu à la BCE le qualificatif peu flatteur de "bad bank" (banque pourrie) en raison des risques pris sur son bilan et les critiques acerbes des Allemands qui lui reprochent d'avoir dévié de sa mission première, le combat contre l'inflation, ainsi que de mettre à mal son indépendance vis-à-vis des Etats.