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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce jeudi, il s'intéresse au traitement médiatique de Didier Raoult en France et en Espagne.

Tous les jours, Bruno Donnet soulève le capot de la mécanique médiatique. Ce matin, il s'intéresse au traitement à deux vitesses dont vient de faire l’objet le Professeur Raoult.

Télescopages ce matin entre ce que Bruno Donnet a observé sur les chaînes de télévisions françaises et un article lu dans la presse espagnole.

Ce week-end, un collectif d’éminents scientifiques, issus de 18 sociétés savantes, a publié dans le journal Le Monde, une longue tribune, pour s’émouvoir du fait que le Professeur Raoult a réalisé un essai clinique caché, et non autorisé, sur plus de 30.000 patients, qu’il a donc utilisé comme des cobayes, pour tester l’efficacité de sa fameuse hydroxichloroquine.

Interviewé dès lundi soir, sur France 5, dans C à Vous, le Professeur Mathieu Molimard, qui est cosignataire de la tribune et chef du service de pharmacologie médicale au C.H.U de Bordeaux, a dit tout le mal qu’il pensait de la pratique du Professeur Raoult : « C’est un énorme scandale ! »

Il a expliqué pourquoi ses travaux n’avaient à aucun moment respecté les principes scientifiques les plus élémentaires : « Dans cette dernière publication, il compare des choses qui sont incomparables, des choux et des carottes (…) c’est du niveau zéro, c’est nul de chez nul, c’est le niveau zéro de la science. »

Puis il a employé un mot intéressant : « Il est clair que promouvoir un médicament qui n’a pas fait ses preuves et dire que ce médicament est sans risque, c’est typiquement la démonstration du charlatanisme. »

Il a utilisé le terme charlatan : « Un charlatan va vous dire : écoutez, mon médicament soigne tout (…) ça soigne tout et vous ne risquez rien. »

Sur les chaînes de télévision françaises, le Professeur Raoult n’a pas été traité, du tout, comme un charlatan.

Il a été reçu, en majesté, un peu partout, par des journalistes bien trop heureux d’avoir-là une nouvelle occasion de recevoir un très bon client.

Sur BFM TV, par exemple, mardi matin, Bruce Toussaint a employé les grands mots : « Didier Raoult s’explique ce matin en exclusivité sur BFMTV. »

Il a parlé « d’exclusivité », alors qu’à peine une demi-heure plus tard qui était également interrogé, en direct, par Pascal Praud, sur C.News ?

Le Professeur Raoult ! le même qui est également allé faire un petit tour, le soir venu, sur C8, dans Touche Pas à Mon Poste, pour affirmer, sans être contredit, que ses essais, à lui, n’avaient absolument rien d’illégal, contrairement à d’autres : « Je vais vous dire, y’a qu’un essai illégal, à ma connaissance, c’est la vaccination. »

Médiatiquement parlant, recevoir le Professeur Raoult, c’est une aubaine. C’est l’assurance de s’attirer une grosse audience. De réussir un coup.

Didier Raoult le sait parfaitement bien, voilà pourquoi, en interview, c’est lui le patron. Et c’est lui qui dicte sa loi, aux médias.

Il l’a d’ailleurs parfaitement fait sur BFMTV, menaçant de mettre un terme à l’entretien, s’il n’était pas réalisé à sa convenance : « Je vous propose d’écouter maintenant le Professeur Molimard qui est chef de service de pharmacologie médicale au CHU de Bordeaux + Non non, mais c’est lui, écoutez ce type n’arrête pas de m’insulter. Non, je ne l’écoute pas, je raccroche si vous faites ça, c’est pas compliqué. »

Et oui, celui que 18 sociétés savantes accusent de pratiquer le charlatanisme, sans vergogne, est traité comme un invité de marque, à la télé, où il n’hésite pas à brocarder, à malmener, tous ceux qui ont l’outrecuidance d’oser lui apporter la contradiction : « Est-ce que 30.000 patients étaient des cobayes sans le savoir ? Non mais écoutez, arrêtez vos bêtises ! »

Car à la télévision, en France, le Professeur Raoult n’est pas un charlatan, c’est lui le patron : « Très bien, on arrête l’interview maintenant. Non, non, non, non, non. »

Et ça n’est pas lui qui contrevient à la loi, ce sont les médias qui racontent des sornettes : « Je ne lis pas vos bêtises, je n’écoute pas votre télé, je ne lis pas les journaux qui médisent de moi, je ne le fais pas, voilà. »

Cette fois-ci, pour trouver un contraste, un vrai, un marqué, et bien il a fallu se mettre à l’espagnol et aller chercher un article paru de l’autre côté des Pyrénées ! 

C’est en effet dans le journal « La Vanguardia », ça veut dire « l’avant-garde » que Bruno Donnet trouvé le meilleur traitement de cette affaire.

Le titre du papier, qui a paru hier, est on ne peut plus clair, il s’intitule : « El Charlatan de la Covid » … le charlatan de la Covid, titrent nos confrères espagnols, qui sous une grande photo, pleine une, du Professeur Raoult, écrivent qu’il incarne « la caricature du pire populisme sanitaire » et qu’il a exercé « une activité de gourou au pire moment de la pandémie, face à des médias complaisants qui sont venus, comme en pèlerinage, l’interviewer à Marseille».

La lumière arrive parfois de là où on ne l’attend pas.