Attaque à Annecy : les faits divers sont devenus des rendez-vous médiatiques incontournables pour les politiques
Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce lundi, il s'intéresse à la valse médiatique des personnalités politiques en cas de faits divers, comme lors de l'attaque au couteau à Annecy.Tous les jours, Bruno Donnet observe la mécanique médiatique. Ce matin, il revint sur l’omniprésence dans les médias des responsables politiques après l’attaque tragique d’Annecy.Dès jeudi, l’ensemble du personnel politique, qu’il vienne du gouvernement ou des oppositions, s’est précipité devant les caméras de télévision pour faire part de sa vive émotion.Mieux que ça, arrivée depuis Paris dans un avion Falcon de la république, la Première ministre, Elisabeth Borne s’est même rendue, toutes affaires cessantes, sur place, à Annecy, pour le dire : « Aujourd’hui, c’est le temps de l’émotion et nous sommes ici avec le ministre de l’intérieur, aux côtés des habitants d’Annecy, pour exprimer tout le soutien et toute la solidarité de la nation. »Pourquoi ? A quoi ça sert ? A quoi ça sert qu’un représentant politique se rende sur place, à chaque fois qu’un fait divers tragique a lieu ?Est-ce qu’il y a la plus petite utilité pratique ? Est-ce que ça change quoi que ce soit au drame ? Au choc ? Bien sûr que non.Seulement voilà, à mesure que le temps médiatique s’est accéléré, que les images se sont imposées, les faits divers sont également devenus des faits politiques, auxquels il convient de donner une existence qui se voit.Les élus se sentent donc dans l’obligation de nous montrer leur compassion, voilà pourquoi, par exemple, Laurent Wauquiez, qui préside la région dans laquelle s’est déroulé le drame, a fait, lui aussi, le déplacement à Annecy : « Tout le monde est extrêmement choqué (…) aujourd’hui juste penser aux familles, juste penser à ces enfants. »Car parce qu’un fait divers est, toujours, une transgression absolue, dramatique, de nos règles communes, de celles qui nous permettent de faire société, son commentaire médiatique en fait un marqueur politique.Une occasion de rappeler ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas.Nos élus en profitent pour produire du discours politique.S’ils sont en responsabilité, ils se doivent de se justifier. De dire que la nation n’a pas failli. Voilà pourquoi, dès jeudi, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est rendu non seulement à Annecy, dans l’après-midi, mais également sur le plateau de TF1, à 20 heures, pour dire que l’assaillant n’était pas en situation irrégulière : « Alors cet homme était régulièrement sur le territoire national puisqu’il était réfugié en Suède depuis 10 ans. »En revanche, lorsque les politiques sont dans l’opposition cette fois, ils profitent de l’aubaine pour pointer des manquements. Pour dire qu’avec eux, ça n’arriverait pas. Eric Ciotti, le patron de Républicain, l’a fait, dès le matin, dans les couloirs de l’Assemblée nationale : « Il semble que l’auteur ait le même profil que l’on retrouve dans ces attaques et il faudra en tirer toutes les conséquences. »Le « profil » qu’il voulait dénoncer était celui d’un étranger, en situation irrégulière. Pas de chance, cette fois-ci, il ne l’était pas.Quant à Eric Zemmour, lui, il ne s’est pas rendu sur place mais il s’est immédiatement filmé, avec son téléphone portable, pour poster une vidéo sur les réseaux sociaux destinée à promouvoir le nouveau concept qu’il tente de populariser : le francocide : « Autrefois, les demandeurs d’asile fuyaient leur pays pour échapper à la mort. Désormais, ils quittent leur pays pour tuer nos enfants. »Alors voilà, les faits divers sont devenus des rendez-vous médiatiques totalement incontournables pour les politiques. Aux Etats-Unis, Donald Trump, Twitte désormais à chaque fois qu’il s’en produit un. Et en France, Nicolas Sarkozy avait même, lorsqu’il était président, fini par populariser un axiome à la chronologie devenue quasi incontournable : Un fait divers – Une émotion – Une loi. Où l’on comprend Philippe qu’en politique, c’est bien l’émotion et son incarnation médiatique qui fait loi !
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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce lundi, il s'intéresse à la valse médiatique des personnalités politiques en cas de faits divers, comme lors de l'attaque au couteau à Annecy.
Tous les jours, Bruno Donnet observe la mécanique médiatique. Ce matin, il revint sur l’omniprésence dans les médias des responsables politiques après l’attaque tragique d’Annecy.
Dès jeudi, l’ensemble du personnel politique, qu’il vienne du gouvernement ou des oppositions, s’est précipité devant les caméras de télévision pour faire part de sa vive émotion.
Mieux que ça, arrivée depuis Paris dans un avion Falcon de la république, la Première ministre, Elisabeth Borne s’est même rendue, toutes affaires cessantes, sur place, à Annecy, pour le dire : « Aujourd’hui, c’est le temps de l’émotion et nous sommes ici avec le ministre de l’intérieur, aux côtés des habitants d’Annecy, pour exprimer tout le soutien et toute la solidarité de la nation. »
Pourquoi ? A quoi ça sert ? A quoi ça sert qu’un représentant politique se rende sur place, à chaque fois qu’un fait divers tragique a lieu ?
Est-ce qu’il y a la plus petite utilité pratique ? Est-ce que ça change quoi que ce soit au drame ? Au choc ? Bien sûr que non.
Seulement voilà, à mesure que le temps médiatique s’est accéléré, que les images se sont imposées, les faits divers sont également devenus des faits politiques, auxquels il convient de donner une existence qui se voit.
Les élus se sentent donc dans l’obligation de nous montrer leur compassion, voilà pourquoi, par exemple, Laurent Wauquiez, qui préside la région dans laquelle s’est déroulé le drame, a fait, lui aussi, le déplacement à Annecy : « Tout le monde est extrêmement choqué (…) aujourd’hui juste penser aux familles, juste penser à ces enfants. »
Car parce qu’un fait divers est, toujours, une transgression absolue, dramatique, de nos règles communes, de celles qui nous permettent de faire société, son commentaire médiatique en fait un marqueur politique.
Une occasion de rappeler ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas.
Nos élus en profitent pour produire du discours politique.
S’ils sont en responsabilité, ils se doivent de se justifier. De dire que la nation n’a pas failli. Voilà pourquoi, dès jeudi, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est rendu non seulement à Annecy, dans l’après-midi, mais également sur le plateau de TF1, à 20 heures, pour dire que l’assaillant n’était pas en situation irrégulière : « Alors cet homme était régulièrement sur le territoire national puisqu’il était réfugié en Suède depuis 10 ans. »
En revanche, lorsque les politiques sont dans l’opposition cette fois, ils profitent de l’aubaine pour pointer des manquements. Pour dire qu’avec eux, ça n’arriverait pas. Eric Ciotti, le patron de Républicain, l’a fait, dès le matin, dans les couloirs de l’Assemblée nationale : « Il semble que l’auteur ait le même profil que l’on retrouve dans ces attaques et il faudra en tirer toutes les conséquences. »
Le « profil » qu’il voulait dénoncer était celui d’un étranger, en situation irrégulière. Pas de chance, cette fois-ci, il ne l’était pas.
Quant à Eric Zemmour, lui, il ne s’est pas rendu sur place mais il s’est immédiatement filmé, avec son téléphone portable, pour poster une vidéo sur les réseaux sociaux destinée à promouvoir le nouveau concept qu’il tente de populariser : le francocide : « Autrefois, les demandeurs d’asile fuyaient leur pays pour échapper à la mort. Désormais, ils quittent leur pays pour tuer nos enfants. »
Alors voilà, les faits divers sont devenus des rendez-vous médiatiques totalement incontournables pour les politiques. Aux Etats-Unis, Donald Trump, Twitte désormais à chaque fois qu’il s’en produit un. Et en France, Nicolas Sarkozy avait même, lorsqu’il était président, fini par populariser un axiome à la chronologie devenue quasi incontournable : Un fait divers – Une émotion – Une loi. Où l’on comprend Philippe qu’en politique, c’est bien l’émotion et son incarnation médiatique qui fait loi !
Europe 1
"Au Cœur du Crime" vous propose de (re)découvrir en podcast l'émission culte d’Europe1 "Crime Story" incarnée en 1988 par Serge Sauvion, acteur qui a notamment doublé le comédien Peter Falk.. Inspiré des plus grands romans policiers anglo-saxons, dans lesquelles les disparitions mystérieuses et les meurtres de sang-froid sont monnaie courante, ce podcast est un polar audio qui vous met au défi de résoudre de véritables énigmes policières. Chaque mardi et chaque vendredi écoutez un nouvel épisode intense et immersif."Au Cœur du Crime" est disponible sur le site et l’application Europe 1 ainsi que sur toutes les plateformes d’écoute.
Julien Pichené
"Au Coeur de l'Actu", c'est le podcast de la rédaction d'Europe 1 qui vous éclaire sur les sujets qui font l'actualité. Découvrez nos formats courts "10 minutes pour tout savoir" et nos séries documentaires, enrichis avec les archives de la radio.
Olivier Delacroix
Au cœur de la nuit, les auditeurs se livrent en toute liberté aux oreilles attentives et bienveillantes d'Olivier Delacroix, du lundi au jeudi, et de Valérie Darmon, du vendredi au dimanche. Pas de jugements ni de tabous, une conversation franche mais aussi des réponses aux questions que les auditeurs se posent. Un moment d'échange et de partage propice à la confidence pour repartir le cœur plus léger. Si vous aussi vous souhaitez témoigner, laissez vos coordonnées en appelant Europe 1 au : 01 80 20 39 21 (numéro non surtaxé).
Maël Hassani
Tous les soirs, Maël Hassani vous livre le concentré de l'actualité du jour, tout en gardant un œil sur les événements à venir avec les Unes de la presse du lendemain.
Ombline Roche
Tous les soirs du lundi au vendredi entre 22h15 et 22h30 Ombline Roche vous plonge dans les musiques des années Top 50 sur Europe 1. Et si vous en voulez plus, rendez-vous les samedis et dimanches entre 21h et 22h !
Dimitri Pavlenko
Deux heures de direct à l'écoute de celles et ceux qui font le monde : le raconter, le décrypter et l'analyser pour donner des clés de lecture et de compréhension aux auditeurs.
Europe 1
Qui sont réellement ces icônes qui ont marqué la France et leur époque ?Ce nouveau podcast d'archives vous transporte dans le passé et retrace pour vous les parcours et épreuves hors du commun de ces artistes et grandes personnalités françaises. Comment sont nées ces légendes aux destins extraordinaires ? Des récits uniques, racontés par les grandes voix d'Europe 1 !
Pierre de Vilno
Le tour complet de l'actualité en compagnie de Pierre de Vilno et de la rédaction d'Europe 1 de 19 heures à 21 heures.
Hervé Mathoux
Chaque parcours de vie est constitué de réussites mais aussi… d’échecs. Bien souvent, ceux-ci nous renforcent et nous apprennent autant, si ce n’est plus que les succès. Dans cette nouvelle série d’entretiens, le journaliste Hervé Mathoux évoque avec son invité ses plus beaux "accidents". Première personnalité à se plier à l’exercice : l’acteur Denis Podalydès, sociétaire de la comédie française.
Céline Géraud
Tous les jours de la semaine pendant les fêtes, Céline Géraud fait un point de l'actualité à la mi-journée avec Europe 1 13h. Au programme : des reportages, des invités et la parole des experts et journalistes de la rédaction en studio pour apporter un éclairage supplémentaire.