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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce mercredi, il s'intéresse au procès intenté par le Pincr Harry contre le Daily Mirror pour tenter de faire évoluer la loi concernant la presse people en Angleterre.

Tous les jours, Bruno Donnet observe les opérations médiatiques. Ce matin, il a choisi de pointer son télescope sur l’Angleterre, où il se passe quelque chose de tout à fait inédit, puisque le Prince Harry a décidé d’entrer en guerre contre la presse.

Le fils du roi Charles est colère.

Il est fâché, contre la presse tabloïd et plus particulièrement contre le Daily Mirror qu’il accuse d’avoir eu recours à au moins 30 détectives privés pour l’espionner et d’avoir placé ses téléphones sur écoute, depuis qu’il a 12 ans.

Voilà pourquoi il s’est rendu hier à Londres, devant la haute cour de justice, où a débuté le procès qu’il intente à ce journal.

Alors c’est une affaire très intéressante parce qu’elle est quasiment inédite.

C’est la première fois, en effet, en plus d’un siècle, qu’un membre de la famille royale britannique apparait devant un juge. Et c’est un événement très singulier, parce qu’en Angleterre, la justice est rendue au nom du roi !

Qu’est-ce le Prince Harry souhaite obtenir en menant ce procès ?

Il l’a dit très clairement devant le tribunal, il veut faire changer la loi. « La mission de ma vie, a-t-il déclaré, est de changer le paysage médiatique britannique ! »

Alors pour bien comprendre la nature du contentieux qui oppose Harry à la presse, il faut remonter quelques années en arrière. L’événement le plus marquant, c’est bien sur la mort de sa mère, la princesse Diana, qu’Harry a toujours imputée aux paparazzis. Il l’a dit récemment dans une interview à la chaîne britannique I.T.V : « For me (…) it’s a planning game but they killed my mum», «Pour moi, ils ont tué ma mère».

Mais le contentieux est encore plus ancien. Adélaïde de Clermont-Tonnerre qui dirige le journal Point de vue était hier soir sur le plateau de France 5 et elle a raconté comment, alors qu’Harry n’avait pas encore 8 ans, il a été piégé par des journalistes qui l’ont photographié, à l’intérieur d’une voiture, en train de leur tirer la langue, comme s’il était un sale gosse. Or : « Or, les photographes ont eux-mêmes tiré la langue à cet enfant pour qu’il réponde et qu’ils obtiennent cette photo. »

Voilà, alors Harry réclame des dommages et intérêts colossaux au Daily Mirror et il demande, surtout, qu’on fasse évoluer la loi, afin qu’elle devienne comme c’est le cas chez nous en France, beaucoup plus protectrice de la vie privée.

Est-ce que le combat du prince Harry est légitime et est-ce qu’il a une chance de remporter la partie ?

Si on regarde les choses d’un point de vue français, oui. Oui, les revendications d’Harry sont tout à fait légitimes. Au Royaume-Uni la presse tabloïd est encore une industrie extrêmement puissante. Elle rapporte beaucoup d’argent et elle emploie des méthodes souvent très contestables pour traquer, littéralement, les célébrités qui n’ont le droit que de souffrir en silence.

Maintenant, d’un point de vue britannique, les choses sont un peu différentes. Les relations tumultueuses entre la famille royale et la presse ne sont pas neuves, seulement voilà, jusqu’ici, les Windsors se sont toujours tenus à leur célèbre maxime : « Never explain, never complain »… ne jamais s’expliquer, ne jamais se plaindre… publiquement !

Harry introduit donc… une rupture avec cette tradition mais le paradoxe c’est qu’il vit aujourd’hui, avec sa femme Mégane, très largement grâce aux revenus des livres et des documentaires qu’il réalise. Des œuvres dans lesquelles il étale, très largement, sa vie privée et dont il assure la promotion dans les médias, bien entendu. 

Enfin, il y a une dernière difficulté, et elle n’est pas mince. Harry n’a pas le soutien de sa famille, tout simplement parce que la relation entre la presse et la famille royale est parfaitement équilibrée. Elle repose sur un pacte, tacite : Les tabloïds se repaissent des frasques de la couronne mais comme le pouvoir de la royauté est essentiellement symbolique, étant donné qu’il n’est basé que sur la seule représentation, et bien il a besoin d’être vu, photographier et commenté pour continuer à exister.

Bref, je ne sais pas comment ça se traduit, en anglais, mais dans sa grande croisade, contre la presse, le prince Harry n’a pas encore le cul sorti des ronces.