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Société
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«Fonds Marianne, épisode 4»

Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce jeudi, il a décidé de revenir une nouvelle fois sur l'affaire de l'attribution des Fonds Marianne.Tous les jours, Bruno Donnet observe la fabrique médiatique. Ce matin, il poursuit l’exploration d’un feuilleton avec lequel vous nous tenez en haleine depuis son tout début, ses Télescopages ont donc pour titre : « Fonds Marianne, épisode 4 ».Le « fonds Marianne » c’est cette grosse enveloppe d’argent public que la ministre Marlène Schiappa a octroyée à plusieurs associations, dont deux en particulier, qui ont touché plus de 300.000 euros, pour « promouvoir la laïcité », juste après le meurtre du professeur Samuel Paty, et dont la presse a révélé que lesdites associations n’auraient finalement pas effectué beaucoup de travail.Depuis ces révélations, Marlène Schiappa est suspectée de favoritisme, elle se défend pied à pied dans les médias et ce matin, il y a du nouveau.En matière de télescopages, précisément, un contraste, totalement spectaculaire, a sauté aux yeux de Bruno Donnet.À sa gauche : une ministre. Marlène Schiappa. Elle est rompue à la communication politique. Hyper à l’aise dans les médias. Et lorsqu’elle vient dans le studio d’Europe 1, par exemple, répondre à Sonia Mabrouk, elle n’est pas du genre à se laisser déstabiliser : « Pour qui vous vous prenez ? Bah je me prends pour Marlène Schiappa, c’est déjà beaucoup. »Ses interventions sont préparées, ses punchlines millimétrées, voilà pourquoi, avant-hier encore, sur le plateau de TV5 Monde, sa défense était aux p’tits oignons : « On a dit que j’avais fait du favoritisme et que j’avais donné des subventions à des amis. Il est démontré aujourd’hui que ce n’est pas le cas. Mais pardon, c’est le procès de Kafka ! »Le procès de Kafka, c’est parfait, très bien trouvé, bravo.Seulement voilà, à sa droite maintenant, voici Sébastien Jallet. C’est l’ancien directeur de cabinet de Marlène Schiappa. Un garçon nettement moins rompu aux interviews et qui est apparu, hier, extrêmement mal à l’aise : « Il me parait, euh, délicat, euh, d’être dans cet exercice. »Il faut dire que Sébastien Jallet a passé un sale quart d’heure.La scène a été retransmise, en direct, sur la chaîne Public Sénat. Car dans le cadre d’une commission d’enquête sénatoriale, qui tente de faire la lumière sur l’utilisation du « Fonds Marianne », l’ancien bras droit de Marlène Schiappa a été auditionné.Le problème, c’est que contrairement à la ministre, lorsqu’elle s’exprime dans les médias, Sébastien Jallet, lui, a dû prêter serment. Jurer qu’il dirait la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.Le sénateur L.R de la Meuse qui l’interrogeait, il s’appelle Jean-François Husson, lui a posé une question simple, à propos du C.I.P.D.R, c’est le Comité Interministériel de Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation : « Le CIPDR s’était prononcé pour accorder une subvention de 100.000 euros à une association (…) mais sur une décision du cabinet (…) l’association n’a rien obtenu. Est-ce que vous pouvez nous en expliquer les raisons ? »Voilà, il lui a demandé d’expliquer pourquoi, une association, on sait grâce aux révélations de Médiapart qu’il s’agit de « SOS Racisme », s’était vu finalement retirer les 100.000 euros que les équipes de la ministre avaient accepté de lui allouer.La question était simple. Mais la réponse nettement moins : « Euh, nous avons sur cette association, euh, une réserve de la ministre, en raison d’un historique de révélation, assez ancien, et par ailleurs, euh, dans les jours qui précèdent, ou qui suivent, euh, à la fin du mois de mai, euh, une mise en cause par voie de presse, euh, d’un membre de l’association, vis-à-vis de la ministre. »Voilà, alors… « une réserve de la ministre… en raison d’un historique de révélation… par voie de presse »… c’est délicieusement alambiqué, mais en français, dans le texte, ça veut dire que Marlène Schiappa a bien eu les boules que le président de SOS Racisme, Dominique Soppo, la critique sur l’antenne de France Info.Et donc : « Nous avons, euh, une décision, euh, de, euh, non sélection sur cette association. »Y’a eu une décision « de non sélection sur cette association »… ça, ça veut dire que Marlène Schiappa a dit : « Attendez les gars, moi vivante, jamais plus on filera un kopek à SOS Racisme ». Et donc, vas-y Sébastien, tu vas y arriver : « Donc y’a bien eu sur les décisions, arrêtées en comité de sélection, pour l’un de ces lauréats, euh, une infirmation par la ministre. »Voilà, c’était long, mais l’ancien directeur de cabinet de Marlène Schiappa, a fini par l’avouer, devant la commission d’enquête du Sénat : Oui, celle qui convoque les grands auteurs, sur les plateaux de télévision : « Mais pardon c’est le procès de Kafka. »Est bien intervenue, dans les grandes largeurs, sur le choix des associations.Il est, en matière de communication politique, des télescopages délicieusement kafkaïens. 

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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce jeudi, il a décidé de revenir une nouvelle fois sur l'affaire de l'attribution des Fonds Marianne.


Tous les jours, Bruno Donnet observe la fabrique médiatique. Ce matin, il poursuit l’exploration d’un feuilleton avec lequel vous nous tenez en haleine depuis son tout début, ses Télescopages ont donc pour titre : « Fonds Marianne, épisode 4 ».

Le « fonds Marianne » c’est cette grosse enveloppe d’argent public que la ministre Marlène Schiappa a octroyée à plusieurs associations, dont deux en particulier, qui ont touché plus de 300.000 euros, pour « promouvoir la laïcité », juste après le meurtre du professeur Samuel Paty, et dont la presse a révélé que lesdites associations n’auraient finalement pas effectué beaucoup de travail.

Depuis ces révélations, Marlène Schiappa est suspectée de favoritisme, elle se défend pied à pied dans les médias et ce matin, il y a du nouveau.

En matière de télescopages, précisément, un contraste, totalement spectaculaire, a sauté aux yeux de Bruno Donnet.

À sa gauche : une ministre. Marlène Schiappa. Elle est rompue à la communication politique. Hyper à l’aise dans les médias. Et lorsqu’elle vient dans le studio d’Europe 1, par exemple, répondre à Sonia Mabrouk, elle n’est pas du genre à se laisser déstabiliser : « Pour qui vous vous prenez ? Bah je me prends pour Marlène Schiappa, c’est déjà beaucoup. »

Ses interventions sont préparées, ses punchlines millimétrées, voilà pourquoi, avant-hier encore, sur le plateau de TV5 Monde, sa défense était aux p’tits oignons : « On a dit que j’avais fait du favoritisme et que j’avais donné des subventions à des amis. Il est démontré aujourd’hui que ce n’est pas le cas. Mais pardon, c’est le procès de Kafka ! »

Le procès de Kafka, c’est parfait, très bien trouvé, bravo.

Seulement voilà, à sa droite maintenant, voici Sébastien Jallet. 

C’est l’ancien directeur de cabinet de Marlène Schiappa. Un garçon nettement moins rompu aux interviews et qui est apparu, hier, extrêmement mal à l’aise : « Il me parait, euh, délicat, euh, d’être dans cet exercice. »

Il faut dire que Sébastien Jallet a passé un sale quart d’heure.

La scène a été retransmise, en direct, sur la chaîne Public Sénat. Car dans le cadre d’une commission d’enquête sénatoriale, qui tente de faire la lumière sur l’utilisation du « Fonds Marianne », l’ancien bras droit de Marlène Schiappa a été auditionné.

Le problème, c’est que contrairement à la ministre, lorsqu’elle s’exprime dans les médias, Sébastien Jallet, lui, a dû prêter serment. Jurer qu’il dirait la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

Le sénateur L.R de la Meuse qui l’interrogeait, il s’appelle Jean-François Husson, lui a posé une question simple, à propos du C.I.P.D.R, c’est le Comité Interministériel de Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation : « Le CIPDR s’était prononcé pour accorder une subvention de 100.000 euros à une association (…) mais sur une décision du cabinet (…) l’association n’a rien obtenu. Est-ce que vous pouvez nous en expliquer les raisons ? »

Voilà, il lui a demandé d’expliquer pourquoi, une association, on sait grâce aux révélations de Médiapart qu’il s’agit de « SOS Racisme », s’était vu finalement retirer les 100.000 euros que les équipes de la ministre avaient accepté de lui allouer.

La question était simple. Mais la réponse nettement moins : « Euh, nous avons sur cette association, euh, une réserve de la ministre, en raison d’un historique de révélation, assez ancien, et par ailleurs, euh, dans les jours qui précèdent, ou qui suivent, euh, à la fin du mois de mai, euh, une mise en cause par voie de presse, euh, d’un membre de l’association, vis-à-vis de la ministre. »

Voilà, alors… « une réserve de la ministre… en raison d’un historique de révélation… par voie de presse »… c’est délicieusement alambiqué, mais en français, dans le texte, ça veut dire que Marlène Schiappa a bien eu les boules que le président de SOS Racisme, Dominique Soppo, la critique sur l’antenne de France Info.

Et donc : « Nous avons, euh, une décision, euh, de, euh, non sélection sur cette association. »

Y’a eu une décision « de non sélection sur cette association »… ça, ça veut dire que Marlène Schiappa a dit : « Attendez les gars, moi vivante, jamais plus on filera un kopek à SOS Racisme ». Et donc, vas-y Sébastien, tu vas y arriver : « Donc y’a bien eu sur les décisions, arrêtées en comité de sélection, pour l’un de ces lauréats, euh, une infirmation par la ministre. »

Voilà, c’était long, mais l’ancien directeur de cabinet de Marlène Schiappa, a fini par l’avouer, devant la commission d’enquête du Sénat : Oui, celle qui convoque les grands auteurs, sur les plateaux de télévision : « Mais pardon c’est le procès de Kafka. »

Est bien intervenue, dans les grandes largeurs, sur le choix des associations.

Il est, en matière de communication politique, des télescopages délicieusement kafkaïens. 

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