L’Egypte s’apprête à vivre lundi ses premières élections législatives post-Hosni Moubarak. Dans un climat extrêmement tendu, avec des rassemblements quotidiens place Tahrir, au Caire, appelant au départ des militaires au pouvoir, les Frères musulmans devraient tirer leur épingle du jeu. Comme en Tunisie et au Maroc, les islamistes devraient donc accéder au pouvoir et être les grands gagnants des révolutions arabes.
Crise politique
Les Frères musulmans ont déjà prévenu qu’en cas de victoire, que le poste de Premier ministre devrait être confié à l'un des leurs s'ils venaient à remporter les législatives. "Le futur Parlement est supposé représenter le peuple. Le Conseil militaire doit charger le parti qui remporte la majorité des voix de former le gouvernement", a affirmé leur porte-parole, Mahmoud Ghozlane.
Actuellement, la crise politique reste dans l’impasse. Face à la fronde de la rue, le Conseil suprême des forces armées (CSFA) a récemment nommé Kamal el-Ganzouri Premier ministre, en remplacement d'Essam Charaf, qui a démissionné sous la pression des manifestants. Mais le choix de cet homme de 78 ans qui a déjà occupé ce poste sous Moubarak a été immédiatement rejeté par la foule place Tahrir.
Elections jusqu'au 10 janvier
Dimanche, la mobilisation se poursuivait sur la place emblématique de la révolution égyptienne. Les manifestant ont continué de réclamer le départ du maréchal Hussein Tantaoui, chef d'Etat de fait. Mais le militaire ne semble pas prêt à lâcher le pouvoir. "Nous sommes confrontés à d'énormes défis auxquels nous allons faire face et nous ne permettrons pas à un quelconque individu ou une quelconque partie de faire pression sur les forces armées", a-t-il déclaré.
Reste à savoir ce que décideront les quelque 40 millions d'électeurs sur 82 millions d'Egyptiens appelés aux urnes pour élire 498 membres de l'Assemblée du peuple (chambre des députés) sur plusieurs étapes, jusqu'au 10 janvier. Il faudra donc attendre de longues semaines avant de connaître les résultats. Pas sûr que les manifestants de la place Tahrir aient cette patience.