Des steppes à perte de vue, des yourtes, des champs de pétrole et de gaz, … François Hollande va devenir le troisième président français à mettre les pieds au Kazakhstan - après Jacques Chirac et François Mitterrand - , lors d’une visite officielle qui se déroule vendredi et samedi. Il y rencontrera son homologue Noursoultan Nazarbaïev et en profiter pour parler gros sous. Europe 1 en profite pour vous présenter cet immense pays d’Asie centrale, grand comme cinq fois la France avec cinq fois moins d’habitants.
• Un pays au sous-sol très riche ...
Gaz, pétrole, uranium, manganèse, potasse, … Le Kazakhstan peut compter sur un sous-sol ultra-riche pour développer son économie. L’économie kazakhe repose majoritairement sur la production d’hydrocarbures. Le secteur de l’énergie représente un quart du PIB et 80% des exportations du pays.
D’ici 2020, le Kazakhstan pourrait devenir le 7e producteur mondial de pétrole, grâce au gisement de Kachagan en mer Caspienne, dans lequel a notamment investi le géant français Total. Par ailleurs, le pays est aussi le plus gros producteur d’uranium au monde, une aubaine pour Areva et la filière nucléaire française. Au total, Astana produit 38% de la totalité de l’uranium mondial et possède 12% des ressources, selon la World nuclear association. Une mince d'or qui intéresse les Français. Total et Areva seront donc du voyage, mais aussi GDF Suez, Veolia et Suez Environnement.
Mais récemment, le gouvernement kazakh s’est lancé dans un travail de diversification de son économie, notamment grâce à un partenariat avec la banque de développement asiatique.
• ... en plein boom économique
"Le Kazakhstan est un pays émergent majeur sur la scène internationale, au carrefour de nombreux espaces", fait-on valoir à Paris, pour expliquer le déplacement présidentiel. Le pays est en effet régulièrement décrit comme l’économie la plus prospère des anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale. En 2013, la croissance kazakhe plafonnait à 6% et le pays se classait 45e en terme de PIB, selon la Banque mondiale.
Mais le Kazakhstan, c'est aussi une économie qui se diversifie et se modernise à grands pas. Très enclavé, il se lance dans de grands travaux dans les transports, comme une voie ferrée le traversant et reliant l’Asie jusqu’à l’Europe inaugurée mercredi. Pour mener à bien ses projets d’infrastructures, le gouvernement kazakh multiplie les partenariats avec les pays étrangers. Des représentants de la SNCF, Eiffage et Vinci accompagneront le voyage présidentiel au Kazakhstan.
La richesse des hydrocarbures n’a pas seulement servi à enrichir entreprises et oligarques. Les 18 millions de Kazakhs ont pu profiter du développement économique de l’ère post-soviétique. Selon la Banque mondiale, la part de la population pauvre est passée de 47% en 2001 à 3% en 2013.
• Une ancienne république soviétique qui veut s’émanciper
Si de nombreux pays lorgnent sur les ressources et la croissance kazakhe, la Russie espère au premier rang pouvoir renforcer son influence sur son ancien pays satellite, grâce à son outil favori : la dépendance économique. Fin 2011, le Kazakhstan s’est mis d’accord avec la Biélorussie et la Russie pour créer l’Union eurasiatique, sous la houlette Vladimir Poutine.
Mais, Noursoultan Nazabaïev n’entend pas abandonner son pays à son voisin du nord : le ralliement d’Astana à ce projet n’a qu’une portée économique et ne signifie en rien une allégeance politique, a-t-il précisé. Avec sa position centrale –mais enclavée – au milieu des steppes, le Kazakhstan voudrait jouer un rôle pivot dans la région. Grâce aux investissements étrangers, il gagne doucement une influence politique vers l’Extrême-Orient et le sud de l’Asie.
• Un président indéboulonnable et mégalo
A la tête de cet Eldorado économique, un homme : Noursoultan Nazarbaïev. Le président kazakh règne sur le pays depuis sa déclaration d’indépendance en 1990. Réélu avec 95,5% des voix en avril 2011, il dirige le Kazakhstan d’une main de fer avec un soupçon de mégalomanie.
Noursoultan Nazarbaïev a par exemple fait imprimer une empreinte de sa main sur tous les billets de banque. Ses admirateurs peuvent même admirer un moulage en or de sa paume au sommet d’une tour de la capitale, Astana. Les plus grands fans peuvent également aller visiter les deux musées du pays érigés à sa gloire. Mais l’homme sait rester modeste : en 2008, il a décliné la proposition des députés du pays de renommer la ville de son prénom.
• Une corruption galopante et des droits de l’homme en berne
Pour rajouter une ombre au tableau démocratique, le Kazakhstan est régulièrement montré du doigt pour sa gestion calamiteuse des droits de l’homme. Il se traîne à la 161e place sur 180 du classement de Reporters sans frontières. Noursoultan Nazarbaïev fait partie de ceux que l’ONG désigne comme des "prédateurs" de la liberté d’expression. Dans son classement de la corruption en 2014, Transparency international met le Kazakhstan à la 126e place sur 175, au même niveau que le Pakistan ou le Honduras. Après les printemps arabes, le président autoritaire a craint une contagion à son pays et a renforcé le contrôle sur les opposants politiques ainsi que la censure des médias.
Dans un rapport publié en juillet 2013, Amnesty International dénonçait l'impunité dont jouissent les forces de sécurité dans ce pays et l'omniprésence de la torture dans les centres de détention. En 2011, la police a violemment réprimé une manifestation dans la petite ville de Zhanaozen, faisant 16 morts.
La question des droits de l'Homme "pourra être évoquée" lors des discussions bilatérales entre François Hollande et Noursoultan Nazarbaïev, glisse-t-on à l’Elysée.