Donald Trump à la Maison-Blanche : l'hypothèse hier un peu saugrenue est devenue réalité dans la nuit de mardi à mercredi. "J'ai passé toute ma vie dans le monde des affaires et j'ai observé le potentiel des projets et des personnes partout dans le monde", a insisté le magnat de l'immobilier après sa victoire. "Aujourd'hui, c'est ce que je veux faire pour notre pays." Le candidat du Grand Old Party, qui a émaillé ses discours de petites phrases très féroces envers sa rivale démocrate, Hillary Clinton, a dessiné tout au long des 511 jours de campagne un programme aux intentions très claires (comme l'était son slogan "Make America great again !", "Rendre sa grandeur à l'Amérique !") mais aux propositions parfois un peu floues.
- Politique intérieure : l'immigration, une idée fixe
C'est dans ce domaine que Donald Trump a avancé les idées les plus fortes, et peut-être les plus irréalistes aussi. Il a ainsi annoncé l'édification d'un mur le long de la frontière avec le Mexique afin de lutter contre l'immigration illégale, projet qui pourrait coûter plusieurs dizaines de milliards de dollars. Il a également promis d'expulser manu militari les onze millions de sans-papiers vivant actuellement aux États-Unis, mesure que le candidat lui-même estimerait irréaliste en privé.
Enfin, à la suite de l'attentat commis à San Bernardino, en Californie, en décembre 2015, Donald Trump a proposé d'interdire aux musulmans l'entrée sur le territoire américain, mesure d'affichage qui n'a, sur le plan du droit, aucune chance d'aboutir. Le candidat Trump s'est contenté ensuite de vanter l'interdiction du territoire américain aux ressortissants des "États et nations terroristes", ajoutant qu'il était favorable, pour lutter contre le terrorisme, à la torture, mais aussi à l'exécution des familles de djihadistes. Autre point fort de son programme, Donald Trump propose de revenir sur l'Obamacare, la loi sur l'assurance-santé du président sortant, et favoriser la concurrence entre les assurances.
- Économie : la baisse des impôts comme credo
Donald Trump a un credo : la relance de l'économie. Pour cela, il entend d'abord baisser les impôts, celui sur les sociétés, qu'il entend passer de 35 à 15% mais aussi celui pour les contribuables les plus riches, abaissant la tranche la plus élevée de 39,6% à 33%. Il entend également baisser l'impôt sur les successions et supprimer la taxe foncière. Ces mesures auraient pour effet de creuser la dette des États-Unis, qui pourrait atteindre les 140% d'ici dix ans… Par ailleurs, le candidat républicain a promis de renégocier la participation des États-Unis à plusieurs traités transnationaux, comme l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena), mais aussi sur le partenariat transpacifique (TPP). Il entend surtout se lancer dans une guerre commerciale avec la Chine, avec notamment l'idée d'imposer une taxe substantielle sur les produits chinois.
- Politique étrangère : vaincre l'EI à tout prix
Donald Trump a appelé à la destruction de l'organisation État islamique, mais sans jamais avancer de propositions concrètes. Il semble favorable à laisser plus de latitude à la Russie dans ce dossier. Concernant la relation avec l'Iran, Donald Trump souhaiterait renégocier l'accord sur le nucléaire signé par Barack Obama. Mais, lors de son discours sur ses cent premiers jours à la Maison-Blanche, prononcé le mois dernier en Pennsylvanie, Donald Trump n'a fait aucune mention de politique internationale, signe de la priorité donnée aux États-Unis mais aussi, peut-être, d'un manque de connaissance sur certains dossiers épineux.
- Société : le conservatisme le plus total
Sur les questions sociétales, Donald Trump propose une vision très conservatrice. Sans surprise, Ii n'entend pas revenir sur la détention d'armes à feu et a envisagé un temps punir les femmes qui ont recours à l'avortement, avant de se dédire. Il propose un congé maternité de six semaines payées. Sur certains thèmes d'importance, comme l'école, il s'est montré très peu loquace.
- Environnement : le cauchemar des écolos
Enfin, sur le plan environnemental, Donald Trump a un plan, relativement simple, qui consiste à remettre en cause la place de l'écologie dans les politiques publiques. Qualifiant le plus sérieusement du monde le réchauffement climatique de "canular total", il a promis d'annuler l'accord de Paris sur le climat, "dont il n'est pas grand fan", mais aussi de supprimer l'Agence de protection de l'environnement (EPA). Le candidat élu a logiquement prévu de lever les interdictions sur les énergies fossiles et de relancer l'oléoduc Keystone XL. Un projet auquel son prédécesseur, Barack Obama, avait opposé son veto.