Il y avait déjà peu de perspectives à Gaza. Il n'y a désormais plus d'argent. Ce tout petit territoire coincé entre Israël et l'Egypte subit un blocus depuis onze ans. Entre les pénuries d'eau et d'électricité, Gaza manque de tout. Une crise économique majeure, encore aggravée par les tensions entre Palestiniens.
Des économies à réaliser partout. Conséquence des divisions entre factions palestiniennes, le salaire de Ziad Meddour, professeur à l'université publique, est amputé de plus de 30% depuis plusieurs mois, quand ce n'est pas davantage. Tous les fonctionnaires sont réduits au plus strict minimum. "On ne mange pas beaucoup de fruits car ils sont chers. On met la priorité sur la viande et les médicaments, s'il y a des problèmes de santé. On ne peut pas aller dans les restaurants, on diminue le nombre de visites dans la famille, les relations sociales…"
Des commerçants surendettés. Ici, l'emploi public est à la base de l'économie. Résultat : Gaza se fissure partout. Les magasins sont vides, mais les couloirs du tribunal, eux, sont remplis de commerçants surendettés. Interrogé par Europe 1, un vendeur de vêtements passe devant le juge pour des chèques sans provision qu'il a dû faire à ses fournisseurs. Exaspéré, il raconte : "J'ai 20.000 dollars de dettes, car plus personne n'achète. Mais la police ne fait aucune différence entre les commerçants endettés et les criminels. La police vient chez vous et vous emmène en prison. Aujourd'hui, la majorité des gens qui sont en prison sont des commerçants. Même les plus respectables de la ville sont derrière les barreaux !" Il risque trois mois de prison.
Un habitant résume la crise en une image : "Gaza ressemble à des sables mouvants. Chaque jour, lentement, on s'y enfonce un peu plus".