Des outils oui, mais aucune nouvelle ambition. Dimanche, au micro de Bernard Poirette, sur Europe 1, le climatologue Jean Jouzel, ancien président du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) a regretté que la COP24 à Katowice en Pologne n'ait accouché d'aucun engagement nouveau dans la lutte contre le réchauffement climatique, même si la communauté internationale a doté samedi l'accord de Paris des outils qui lui donneront vie.
"Si l'on veut voir le verre à moitié plein, on se dit que le guide devait être finalisé avant 2020. On l'a avancé en 2018. C'est assez positif", explique-t-il. "Mais du point de vue du climatologue que je suis, nous sommes loin du compte".
"Il y a un fossé" entre engagements et urgence de la situation. Selon les conclusions du dernier rapport du Giec, le monde devra engager des transformations "rapides" et "sans précédent" s'il veut limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Or, si les Etats s'en tiennent à leurs engagements de réduction d'émissions pris dans le cadre de l'accord de Paris en 2015, ce sera +3°C à la fin du siècle. "Entre les engagements des pays et ce qu'il faudrait faire, il y a un fossé", insiste Jean Jouzel.
"Ce n'est pas gagné". Il rappelle que cette hypothèse d'un réchauffement climatique de 3° est l'hypothèse "optimiste". Cela implique que l'ensemble des modalités de l'accord de Paris soient tenues. "Ce qui ne sera probablement pas le cas dans certains pays", pointe le climatologue. "Et il faudrait encore qu'après 2030 on fasse des efforts importants pour aller vers la neutralité carbone. Ce n'est pas gagné".
"Il faudrait remonter l'ambition". Selon lui, l'accord de Paris "ne nous fait faire qu'un tiers du chemin en terme de limitation de gaz à effet de serre. Il faudrait remonter l'ambition, aller beaucoup plus loin", insiste-t-il. "C'est ça l'échec de Katowice."