Aux frontières autrichiennes, le traumatisme de la vague migratoire de l'été 2015

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Jihane Bergaoui, édité par Anaïs Huet
Europe 1 s'est rendu aux frontières avec la Hongrie et la Slovénie, traversées à l'été 2015 par plusieurs centaines de milliers de migrants. Des régions profondément marquées par ce souvenir, et qui restent aujourd'hui divisées.
REPORTAGE

Après neuf heures de tractations, les 28 pays de l'Union européenne sont finalement parvenus à un accord pour tenter de régler la crise des migrants. "La solidarité que nous devons aux pays de première entrée a été actée lors de ce sommet", s'est félicité Emmanuel Macron, tôt vendredi matin. Parmi ces pays, l'Autriche - qui prend dimanche la présidence tournante de l'UE - a été particulièrement touchée par la vague migratoire de 2015, quand plusieurs centaines de milliers de réfugiés ont traversé le pays pour rejoindre d'autres États européens. 

"J'ai entendu des critiques assez fortes". Europe 1 s'est rendu à la frontière hongroise, dans le petit village autrichien de Nickelsdorf, encore marqué par cette crise migratoire. Et pour cause, en quelques mois à peine, à l'été 2015, 300.000 migrants ont traversé le village, sur les routes et à travers champs. Marianne, une habitante, se souvient de ces colonnes de réfugiés auxquels elle a tenté de venir en aide, et du regard réprobateur de certains voisins. "À Nickeldorf, c'était un peu tendu. On ne savait pas combien de temps ça allait durer… Quand les habitants ont appris que j'allais accueillir des réfugiés, j'ai entendu des critiques assez fortes", témoigne-t-elle. 

"On essaie de faire peur aux gens". Seuls vingt migrants sont restés dans ce village de 1.800 habitants. Mais aujourd'hui, selon Gerhard Zapfl, le maire social-démocrate, il n'y a quasiment plus de réfugiés qui arrivent par cette frontière. "Je crois qu'on essaie de faire peur aux gens en focalisant leur attention sur le thème de la migration. Derrière ça, il y a du populisme, et ce n'est pas inhabituel en politique", déplore l'édile. Pour stopper les passeurs, les polices hongroises et autrichiennes surveillent la frontière. Pour autant, la crainte d'un nouvel afflux massif continue de planer sur cette région où le vote extrême-droite représente environ 30%.

Entendu sur europe1 :
On veut aussi envoyer un signal aux passeurs : ici, en Autriche, on est prêt à protéger nos frontières !

"On ne doit pas être pris par surprise comme en 2015". Au sud de l'Autriche, du côté de la frontière slovène, la tension est la même qu'à la frontière hongroise. Les autorités viennent même d'y tester, en début de semaine, un exercice grandeur nature pour se préparer à un éventuel afflux massif de migrants. Et faute de "vrais migrants", ce sont des élèves policiers qui jouent le rôle de réfugiés. Dans cet exercice, ils tentent d'escalader les grilles et de forcer le poste-frontière. Face à eux, plusieurs centaines de policiers et soldats essayent de les repousser. Mario Kunasek, ministre de la Défense FPÖ, l’extrême-droite autrichienne, assure : "On ne doit pas être pris par surprise comme en 2015. On veut aussi envoyer un signal aux passeurs : ici, en Autriche, on est prêt à protéger nos frontières !"