Un ancien infirmier et diacre dans un diocèse de Flandre a admis, lors de son procès à Bruges, dans le nord de la Belgique, avoir provoqué la mort de 10 à 20 personnes, ont rapporté mardi les médias belges.
C'est la première fois qu'Ivo Poppe, surnommé "le diacre de la mort" par la presse, jugé depuis lundi aux assises de Bruges pour "au moins dix" assassinats, donne publiquement une évaluation du nombre de ses victimes. Il y a en eu "entre dix et vingt, vingt au maximum. C'est approximatif. (...) C'est de cet ordre de grandeur", a répondu l'accusé lors du premier interrogatoire mené par le président de la cour. Ivo Poppe n'avait jusqu'ici reconnu que les assassinats de sa mère, de son beau-père et de deux oncles. "Je voulais éliminer leurs souffrances, ces gens ne vivaient plus", a-t-il déclaré, en exprimant des regrets, "aujourd'hui, je ferais appel à une équipe de soins palliatifs".
Du valium administré à des personnes âgées en fin de vie. La plupart de ses victimes présumées étaient des personnes âgées en fin de vie, dont il a décidé seul d'abréger les souffrances physiques ou psychiques, lorsqu'il travaillait comme infirmier dans un hôpital de Menin, dans l'ouest, près de la frontière française. Il leur administrait du valium ou leur injectait de l'air dans les veines. Ivo Poppe a été employé une vingtaine d'années, dans cet hôpital, dans les années 80 et 90, mais a continué d'y intervenir en tant que visiteur pastoral jusqu'en 2011 après avoir été ordonné diacre de Wevelgem en 1996.
"Nous n'avons aucune idée du nombre", ont reconnu les policiers. À l'audience mardi, les deux policiers chargés de l'enquête ont raconté l'avoir interrogé à 65 reprises pour tenter d'obtenir des aveux circonstanciés, en se basant notamment sur ses déclarations juste après son arrestation, où il avait laissé entendre être impliqué dans 49 décès. En vain. "Nous n'avons aucune idée du nombre" de victimes, a convenu l'un d'eux, selon l'agence Belga. "Il n'y a d'ailleurs rien qui prouve qu'il y en a effectivement eu plus de quatre", a-t-il ajouté.
Des déclarations erratiques. L'accusé a tenu à "s'excuser" auprès des policiers pour ses déclarations souvent erratiques pendant l'enquête. Ceux-ci ont notamment tenté de le confondre en se basant de ses agendas, où il avait noté plus de 260 décès au fil des ans, accompagnant les dates et noms d'une série de symboles. Les enquêteurs ont également indiqué qu'ils soupçonnaient l'ancien diacre de nombreux meurtres en 1993, année durant laquelle "il était particulièrement stressé à la suite notamment de l'opération de son épouse, du divorce de sa sœur, des rénovations dans sa maison et de sa formation pour devenir diacre".
L'euthanasie a été dépénalisée en Belgique en 2002. Le 2 janvier de cette année-là, deux femmes se trouvant dans la même chambre de l'hôpital de Menin étaient décédées. Puis trois personnes de la clinique étaient mortes le même jour, début mars 1993. Marié et père de trois enfants, cet homme âgé aujourd'hui de 61 ans avait été arrêté et incarcéré en mai 2014 après que la justice eut été informée de confidences faites à son psychiatre, selon lesquelles il aurait "activement euthanasié des dizaines de personnes" entre 1978 et 2011. En Belgique, l'euthanasie a été dépénalisée en vertu d'une loi de 2002 qui impose un cadre strict. Le malade qui la souhaite doit formuler une demande "répétée" et faire pratiquer l'acte par un médecin.