Des plateformes d’accueil pour les migrants secourus en mer et des centres de contrôle dans les pays européens pour soulager l'Italie ou la Grèce. Ces deux mesures font partie du texte adopté dans la nuit de jeudi à vendredi par les vingt-huit pays européens, à Bruxelles.
Eviter la rupture. Reste à savoir si cet accord permettra à l'Europe de sortir de la crise migratoire et politique qui l'agite depuis plusieurs semaines. "L'Europe se donne ce qu'elle peut, c'est-à-dire pas grand chose", estime Bernard Kouchner, ancien ministre des Affaires étrangères et cofondateur de Médecins sans frontières et de Médecins du monde, invité de C'est arrivé cette semaine, sur Europe 1. Seul vertu de cet accord selon Bernard Kouchner : "Il a permis de ne pas rompre entre les deux Europe qui maintenant s'affrontent. Il a ceci d’important qu'il n'a pas complètement brisé l'Europe".
Est-ce qu'on laisse les gens mourir ? Pour le reste, l'ancien ministre de l'Intérieur reste très critique. Dans sa ligne de mire, notamment, la France. "Curieusement, après beaucoup interventions d'Emmanuel Macron, on s’aperçoit que ni l’Italie, ni la France ne sont compris dans les pays qui accueilleront ces centres", dénonce-t-il. "Je m'indigne qu'il n'y ait rien en France", poursuit-il. "Comment voulez-vous qu'on prône chez les autres ce qu'on ne fait pas chez nous !"
Selon Bernard Kouchner, l'Europe doit s'interroger sur ses motivations. "Il faut savoir ce qu'on veut", assure-t-il. "Est-ce que, oui ou non, on se conduit raisonnablement comme des gens un peu sensés ? Est-ce qu’on pense que les autres ce sont des êtres humains aussi ? Est-ce qu’on laisse les gens mourir en mer ?"
"Des châteaux de sable". En toile de fond, les récentes déclarations d'Emmanuel Macron sur les ONG "qui feraient le jeu des passeurs". "Quand on attaque les ONG, c’est qu’on a tort", jamais ça n'a réussi à un pays", estime Bernard Kouchner.
"Les ONG sont le sel de la terre, ils nous représentent et rappellent que nous n’acceptons pas la mort dans notre Méditerranée où nous faisons des châteaux de sable. Je n'ai pas vu ça dans le texte", s'indigne-t-il. Avant de conclure : "Une fois de plus, on ne fera rien. Ce n’est pas un accord un sérieux".