Brexit : l'auteur britannique de l'article 50 pensait qu'il serait utilisé par un pays autoritaire

Le premier pas vers le divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne aura lieu mercredi
Le premier pas vers le divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne aura lieu mercredi © Daniel SORABJI / AFP
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M.R.
Après avoir rédigé l'article 50, le Lord britannique a fait campagne contre le Brexit en répétant que le Royaume-Uni pouvait toujours renoncer au départ de l'Union européenne.

Cela ressemble à un trait d'ironie : l'article 50 qui va permettre au Royaume-Uni de sortir de l'Union européenne mercredi a été écrit par un... Britannique. Mais lorsqu'il l'a rédigé au début des années 2000, l'ancien diplomate John Kerr avait en tête une situation bien différente que l'utilisation du dispositif par son propre pays, raconte Politico mardi.

Le Royaume-Uni peut toujours changer d'avis. "Je ne me sens pas coupable d'avoir inventé le mécanisme. Je suis triste que le Royaume-Uni l'utilise", affirme cet ancien ambassadeur britannique à Washington et auprès de l'Union européenne. Bien qu'il soit l'auteur du fameux article qui permet le divorce entre un pays membre et l'Union, John Kerr a fait activement campagne contre le Brexit l'année dernière. Son statut de Lord lui a même permis de participer aux débats parlementaires. Ce septuagénaire retiré de la vie diplomatique n'a cessé de rappeler que l'article 50 n'était pas irrévocable et que le Royaume-Uni pouvait toujours changer d'avis et rester dans l'Union européenne.

Un texte de sortie pour contenter les eurosceptiques britanniques. Lors de sa rédaction en 2002-2003, John Kerr pensait que cet article 50 ne serait utilisé qu'après l'arrivée au pouvoir d'un leader autoritaire à la tête de l'un des pays membres. Une situation qui aurait provoqué la suspension du droit de vote de ce pays au sein de l'UE. Sa sortie de l'Union aurait donc été le seul moyen d'éviter le chaos. Ce texte a donc été rédigé pour formaliser une possibilité de sortie en cas de crise diplomatique.

Il permettait, aussi, de calmer les inquiétudes des eurosceptiques britanniques qui soutenaient une théorie selon laquelle l'appartenance à l'Union ne pouvait mener qu'à un partenariat de plus en plus étroit et qu'aucune sortie n'était possible. 

Entre le Royaume-Uni et l'UE, une relation à inventer. Mais comme l'article 50 avait été envisagé uniquement dans le contexte d'un crise diplomatique, aucune disposition concernant la future relation entre le pays sortant et l'Union européenne n'a été prévue. Alors en plus des mesures "sur le divorce, le paiement des factures, le règlement des engagements, les droits acquis, les pensions", image John Kerr, les négociateurs vont devoir mettre au point le cadre de cette nouvelle relation.

"Ne me demandez pas à quoi ressemble ce cadre. Est-ce un autre traité ? S'agit-il d'un texte issu des conclusions du Conseil européen ? Je n'en sais rien", reconnaît l'ancien diplomate. Ce dont il est sûr, c'est que deux années ne suffiront pas à mettre au point un cadre qui n'existe pas.