Quel avenir pour l’unité du Royaume-Uni ? Le Brexit relance la question du maintien de l'Ecosse dans le reste du royaume : le territoire avait voté à 62% pour rester dans l'Union européenne ; il veut maintenant quitter le Royaume-Uni pour rester européen. La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, dirigeante du Parti indépendantiste écossais (Scottish National Party, SNP), a renouvelé mercredi son appel à un second référendum d’indépendance d’ici la fin de l’année, faisant fi du refus formulé mi-janvier par son homologue britannique Boris Johnson. Le référendum de 2014, dit-il, devait être valide pour "une génération". Alors comment les indépendantistes écossais comptent-ils parvenir à leurs fins?
"Nous quittons l'Union Européenne contre notre volonté"
"Il y aura des pertes d'emplois dans les entreprises, pas sûr que le programme étudiant Erasmus continue non plus", redoute ainsi Sheela. "Une fois que le Brexit sera acté, les effets se feront sentir et les gens commenceront à changer d'avis." Cet inventaire à la Prévert des conséquences redoutées du Brexit pour l'Ecosse, la jeune indépendantiste compte bien le marteler lors de manifestations qui vont se multiplier dans les semaines qui viennent. Un premier pan de la stratégie des militants indépendantistes.
"Nous quittons l'Union Européenne contre notre volonté", scande pendant ce temps la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon. Elle occupe le terrain politique : il y a deux jours, elle a fait voter au Parlement écossais un nouvel appel à organiser un référendum en 2020. "Le futur de l'Ecosse ne devrait pas être décidé par les conservateurs à Westminster, qui n'ont plus gagné une élection ici depuis les années 1950, mais par nous tous, qui vivons ici", s’indigne une autre indépendantiste.
"Une stratégie en vue des élections législatives en Ecosse l'année prochaine"
Le Premier ministre britannique Boris Johnson, lui, exclut toujours de donner le feu vert. Or, Nicola Sturgeon ne veut pas risquer un vote illégal, comme lors du référendum des indépendantistes catalans en Espagne. "Elle pourrait attendre un an", explique Michael Keating, politologue à l'université d’Édimbourg. "C'est une stratégie en vue des élections législatives en Ecosse l'année prochaine. Si elle obtient les voix des indépendantistes, ils pourront faire pression de façon à ce que Londres soit obligée d'accepter le référendum."
C’est une guerre d'usure, dont la victoire finale n'est pas du tout assurée : en 2014 le "non" à l'indépendance l'avait emporté à 55% des voix. "Certes, on a du pétrole, mais on n'est pas assez grands pour tenir tout seuls hors du Royaume-Uni”, estime un artisan. "Je suis Écossais pur et dur, mais j’ai aussi un peu de bon sens."