Vent de panique à Dallas, au Texas. Alors que des centaines de personnes manifestaient jeudi soir pour dénoncer la mort de deux Afros-Américains abattus dans la journée par des policiers dans le Minnesota et en Louisiane, des tireurs embusqués ont tué cinq policiers.
LES INFOS A RETENIR
- Cinq policiers, au moins, ont été tués.
- L'un des snippers est mort.
- Le tireur mort n'était affilié à aucun groupuscule mais il avait été déployé dans l'armée, notamment en Afghanistan
- Les enquêteurs excluent une piste terroriste
Que s'est-il passé ?
Des policiers ont été pris pour cible par des tirs nourris au fusil d'assaut, jeudi soir à Dallas, pendant une manifestation antiraciste. Cinq d'entre eux ont été tués, sept autres, ainsi que deux civils, ont été blessés. Après avoir annoncé la présence de plusieurs snipers, la police a finalement déclaré vendredi qu'il n'y en avait qu'un. "À ce stade, il semble qu'il y ait eu un seul tireur, sans lien connu ou inspiration d'aucun groupe terroriste international", a déclaré le ministre à la Sécurité intérieure, Jeh Johnson.
Le tireur a ouvert le feu subitement, vers la fin de la manifestation, et visé très clairement les policiers, avant de se retrancher dans un garage et d'être cerné par la police. Avant d'être tué, il a affirmé que des bombes ont été posées "partout" dans le centre-ville.
Qui est le tireur tué par la police ?
Il s'agirait de Micah Johnson, un homme de 25 ans, selon les médias américains. Le jeune homme vivait à Mesquite, en banlieue de Dallas, selon CBS News et NBC News. Le Pentagone a révélé que le suspect avait été déployé dans l'armée américaine, notamment en Afghanistan, de novembre 2013 à juillet 2014. "Le suspect a dit qu'il en voulait aux Blancs, qu'il voulait tuer des Blancs, en particulier des policiers blancs", a déclaré David Brown.
Il a été tué à l'aube par les forces d'élite, après s'être retranché dans un bâtiment de la ville. Selon les premiers éléments de l'enquête sur les motivations du tireur mort, ce dernier n'était affilié à aucun groupuscule.
Selon les premières informations recueillies par les enquêteurs, le tireur semblait soutenir des organisations de défense des Noirs. Sur une photo que Micah Johnson a publié sur Facebook, on le voit vêtu d'une tunique colorée de style africain, poing serré en l'air, rappelant le geste devenu symbole des luttes d'émancipation des Noirs aux Etats-Unis dans la deuxième moitié du siècle dernier et popularisé par Nelson Mandela. La photo est prise devant le drapeau panafricain rouge, noir et vert qui était souvent porté comme symbole de ces mouvements dans les années 60 en Amérique.
Combien de temps a duré la fusillade ?
Le chaos a duré plusieurs heures. Jusqu'à tard dans la nuit de jeudi à vendredi la police a échangé des tirs avec les snipers. Les manifestants se sont alors mis à fuir en courant. "Il y avait des Noirs, des Blancs, des latinos, tout le monde. C'était la protestation d'une communauté mixte. Et il y a eu (les coups de feu) sortis de nulle part. On avait l'impression qu'on tirait sur nous. C'était le chaos total, c'est complètement fou", a raconté un témoin.
RAW VIDEO: Our cameras captured the panic after the first shots were fired in downtown #Dallas Thursday nighthttps://t.co/JXcapjFIHv
— WFAA-TV (@wfaachannel8) July 8, 2016
Une vidéo tournée par un témoin et diffusée par CNN montre un des tireurs en action. "C'est lui, là, à côté de la colonne blanche, regardez, il tire vers la gauche, tire vers la droite, tire de l'autre côté, on voit qu'il vise quelqu'un", commente le témoin, Ismael DeJesus, qui filmait à partir d'un hôtel proche.
WARNING GRAPHIC VIDEO: Timeline of Dallas shooting https://t.co/iZaxt5slsS
— FOX & Friends (@foxandfriends) July 8, 2016
"Ensuite il s'est retourné, pour vérifier que personne n'arrivait derrière lui, mais il y avait un policier qui arrivait et qui a essayé de l'avoir, mais ça s'est mal terminé. C'était une exécution, franchement. Alors qu'il était déjà à terre, l'homme a encore tiré sur lui trois ou quatre fois". Des équipes du SWAT, la force d'intervention d'élite de la police, ont été déployées en nombre après que les coups de feu ont éclaté vers 3 heures, heure française, selon des chaînes de télévision locales, et les autorités ont interdit le survol de la ville, sauf par des vols de secours.
Qui sont les policiers tués ?
Les victimes de la fusillade sont Brent Thompson, Patrick Zamarripa, Michael Krol, Michael Smith et Lrone Ahrens. Le premier, âgé de 43 ans, était un policier de Dallas, père de six enfants et qui s'était remarié il y a deux semaines. Ancien Marine, Brent Thompson avait supervisé des Américains qui entraînaient des policiers en Irak et en Afghanistan au sein d'une entreprise privée de sécurité.
De son côté, Patrick Zamarripa, père d'une fille de deux ans, était un ancien de la Navy qui avait servi trois fois en Irak. Cet homme de 32 ans avait rejoint la police de Dallas depuis cinq ans et était affecté aux patrouilles à vélo. Agé de 40 ans, Michael Kro était originaire du Michigan (nord) et avait intégré la police de Dallas en 2007. Michael Smith, lui, était âgé de 55 ans et père de deux enfants. Cet an ancien Ranger de l'armée américaine servait dans la police de Dallas depuis 1989.
Enfin, Lorne Ahrens, âgé de 48 ans et également père de deux enfants, venait de Californie et travaillait au sein de la police de Dallas depuis 14 ans.
Qu'a dit le président Obama ?
Le président Barack Obama, arrivé à Varsovie dans la nuit de jeudi à vendredi pour un sommet de l'Otan, a été mis au courant de la mort de plusieurs policiers dans cette fusillade à Dallas, a annoncé son porte-parole. Le président américain a dénoncé "des attaques haineuses, calculées et méprisables" et a ordonné vendredi que les drapeaux soient mis en berne aux Etats-Unis jusqu'au 12 juillet. "Par respect pour les victimes de l'attaque (...) j'ordonne que le drapeau américain soit mis en berne à la Maison Blanche et sur tous les bâtiments publics, postes militaires et vaisseaux de la Marine" à travers les Etats-Unis, a annoncé le président dans une déclaration écrite.
Par ailleurs, Barack Obama va écourter son séjour en Europe pour se rendre en début de semaine prochaine à Dallas. "Le président reviendra à Washington dimanche soir, soit un jour plus tôt que prévu. Il n'ira plus à Séville", a précisé le porte-parole de l'exécutif, Josh Earnest.