Un photographe qui a vu un néonazi américain foncer dans un groupe de contre-manifestants avec son véhicule lors d'un rassemblement d'extrême droite l'an dernier à Charlottesville a dit vendredi avoir entendu "des cris et des hurlements" lorsque les gens ont "volé en l'air" après le choc.
Ce témoin, Ryan Kelly, qui a remporté un prix Pulitzer pour une photo glaçante prise au moment de l'impact, s'exprimait lors du procès de James Fields, accusé d'avoir tué une militante anti-raciste de 32 ans, Heather Heyer, et blessé plusieurs personnes en août 2017 dans cette petite ville de Virginie.
Une ambiance "festive" jusqu'à ce que... Le photographe suivait les contre-manifestants, qui "scandaient des slogans et chantaient dans une ambiance presque festive" après que les autorités eurent ordonné aux suprémacistes blancs de se disperser, leur rassemblement ayant été jugé illégal. "J'ai entendu une voiture, des pneus crisser, un moteur vrombir et (le véhicule) est passé à toute allure près de moi", a-t-il raconté. La voiture "allait vite et se dirigeait vers la foule", a-t-il ajouté. "Les gens ont volé en l'air, on a entendu des bruits sourds, des hurlements, des cris".
"Voilà à quoi ressemblent les yeux d'une personne quand elle est morte". Jeanne "Star" Peterson, dont la jambe a été écrasée dans le choc et qui a passé plus d'un an en fauteuil roulant, a également témoigné. Au moment de l'attaque, "j'ai vu Heather Heyer dans les airs et je me souviens avoir pensé: 'voilà à quoi ressemblent les yeux d'une personne quand elle est morte'", a-t-elle relaté. "Je dois partir d'ici au cas où ils reviendraient", s'est-elle dit alors, "et c'est là que je me suis rendu compte que je ne sentais plus mes jambes".
Une nouvelle génération d'extrême-droite. Le rassemblement de Charlottesville avait été organisé par des nationalistes blancs pour protester contre le déboulonnement annoncé d'une statue du général sudiste Robert Lee. L'attaque à la voiture avait braqué les projecteurs sur la nouvelle génération de l'extrême droite qui a émergé sous le président Donald Trump, dont la rhétorique incendiaire est régulièrement dénoncée comme attisant la haine.