En 2017, le nombre d'attentats djihadistes sur le sol européen a plus que doublé, passant de 13 à 33, et faisant 62 morts, selon les derniers chiffres rendus publics mercredi par Europol dans son rapport annuel. Pour lutter contre ce phénomène, les magistrats d'Eurojust, l'Unité de coopération judiciaire de l'Union européenne, réunis cette semaine pour un séminaire de contre-terrorisme, misent sur une coopération entre les 28 pays de l'UE, jusqu'au cœur des enquêtes.
Des équipes communes d'enquête. Chaque mois, l'un des magistrats français qui travaillent à Eurojust se rend ainsi au parquet antiterroriste, à Paris, pour collecter des informations sur les dossiers en cours. Ces données sensibles sont ensuite partagées par la France avec les pays qu'elle estime concernés. Des équipes communes d'enquête peuvent ainsi être créées.
Dans des salles super sécurisées, magistrats et policiers mettent alors en place des opérations menées de manière simultanée dans plusieurs pays, ou dans un pays pour le compte d'un autre. Dans l'enquête sur les attentats du 13-Novembre, la France a pu identifier trois suspects essentiels de cette façon.
"Faire le lien" entre des attaques. "Dans cette enquête, quatorze pays sont impliqués, on a fait huit réunions communes", explique à Europe 1 Frédéric Baab, chargé du contre-terrorisme à Eurojust. "Concrètement, ça a permis l'arrestation de deux suspects en Autriche (qui devaient participer aux commandos des terrasses, ndlr) et d'un autre suspect clé en Allemagne, tous trois remis à la France. Cela a aussi permis, par exemple, de faire le lien entre les attentats du 13-Novembre et l'attaque dans le Thalys", commise en 2015.
Ces échanges d'informations et ces pratiques communes ont permis l'arrestation de plus de 700 personnes dans 18 pays membres de l'union européenne en 2017, dont 373 sur le territoire français. La coopération ne se limite pas aux affaires de terrorisme : elle est également de mise pour lutter contre le crime organisé, le trafic de drogue ou les délits financiers. Magistrats et policiers européens ont ainsi travaillé ensemble dans les dossiers des Panama Papers, du crash de la Germanwings ou du scandale des moteurs truqués Volkswagen.