Le maréchal Tito a perdu sa place à Zagreb, l'une des principales de la capitale croate, la municipalité ayant décidé de la débaptiser, plus de 37 ans après la mort de l'ex-dirigeant communiste yougoslave.
Marchandage politique. Un parti de droite nationaliste, Les Indépendants pour la Croatie, avait conditionné à cette décision le soutien dont avait besoin pour conserver sa majorité le maire populiste de Zagreb, Milan Bandic. Une partie de la population de Zagreb s'est opposée au changement de nom et plusieurs manifestations ont réuni des milliers de personnes sur la place.
Vu comme un dictateur. Né en Croatie, chef des partisans en lutte contre les nazis et leurs alliés locaux durant la Seconde Guerre mondiale, Josip Broz Tito a dirigé la Yougoslavie de la création de cette fédération de peuples balkaniques, jusqu'à sa mort en 1980.
Durant cette période, il a réprimé toute velléité nationaliste des peuples constitutifs de la fédération yougoslave. Mais ces réflexes ont resurgi avec force dans les années qui ont suivi sa mort, jusqu'à aboutir à l'éclatement sanglant de la Yougoslavie lors d'une série de conflits dans les années 1990. Tito garde de nombreux partisans dans les Balkans. Mais aux yeux des Indépendants pour la Croatie, il est un dictateur. "Aucune rue ni aucune place de Croatie ne devrait porter le nom de Tito", selon le chef de ce parti, Zlatko Hasanbegovic.
Une "satisfaction à toutes les victimes". Parmi les nombreuses rues ou places des Balkans qui portent encore le nom du maréchal, la place de Zagreb est sans doute la plus prestigieuse. Elle va devenir la place de la République de Croatie, à la suite du vote du conseil municipal intervenu dans la nuit de jeudi à vendredi. Ce changement va apporter "une petite et tardive satisfaction à toutes les victimes (...) de la terreur communiste yougoslave titoïste", s'est réjoui Zlatko Hasanbegovic. Connu pour ses opinions nationalistes souvent controversées, Zlatko Hasanbegovic a été exclu du parti de centre droit au pouvoir, le HDZ. Il a été accusé par le passé de révisionnisme sur le rôle de l'Etat croate oustachi pronazi.