Entre 1.200 et 2.500 personnes - selon la police ou les organisateurs - ont manifesté mercredi après-midi à Bruxelles contre l'enfermement des enfants et la politique migratoire jugée "indigne" du gouvernement belge. Symboliquement, la manifestation, à l'appel d'un collectif de citoyens baptisé "#NotInMyName" (pas en mon nom), était organisée aux abords de la célèbre statue du Manneken Pis, représentant un petit garçon en train d'uriner, en plein centre-ville.
Un centre de rétention pour familles étrangères. "Jusqu'à aujourd'hui il était le seul enfant en Belgique à être derrière des barreaux (une grille protège la statue, ndlr), maintenant c'est fini le gouvernement a décidé d'en mettre d'autres", a expliqué une représentante du collectif, Florence, qui préfère taire son nom. Elle faisait allusion à l'entrée en service toute récente, par un arrêté royal du 11 août 2018, d'un centre de rétention prévu pour accueillir des familles étrangères en situation irrégulière et en voie d'expulsion après épuisement des recours. Connue en Belgique sous l'appellation "centre fermé 127bis", cette structure située à proximité de l'aéroport de Bruxelles-Zaventem a été dénoncée par l'opposition (PS, Ecolo, centristes) et le monde associatif. Et les critiques ont redoublé depuis l'accueil, mardi, de la première famille hébergée dans le centre. Il s'agit d'une famille serbe en situation illégale avec quatre enfants, accusée de s'être échappée plusieurs fois des structures ouvertes où elle résidait.
«On enferme pas des enfants» clamé pendant 10 minutes par centaines de personnes, au départ de l appel lancé par collectif #Notinmyname@lesoirpic.twitter.com/964Pgwfxcy
— Elodie Blogie (@ElodieBlogie) 15 août 2018
La Ligue des familles y a répété son opposition à la criminalisation de l'accueil des migrants et à l'enfermement des enfants. Ce combat continue...tout comme les autres... pour tous les enfants #onenfermepasunenfant#127bis#NotInMyName#Bruxellespic.twitter.com/cNuc6IDQuJ
— J-F.Cannoot (@JFCannoot) 15 août 2018
"Un retour en arrière de 10 ans". Le père a été présenté comme "un criminel dur" dans un tweet du secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration, le nationaliste flamand Theo Francken. "On n'enferme pas les enfants", ont scandé en chœur mercredi les manifestants, parmi lesquels de nombreuses familles avec enfants. Pour les associations de défense des droits de l'Homme, la mise en service de ce centre fermé constitue "un retour en arrière de dix ans" en Belgique. A partir de 2008 des structures unifamiliales ouvertes baptisées "maisons de retour" avaient permis d'éviter l'enferment d'enfants mineurs sans papiers. Mais l'expérience a rapidement été jugée peu concluante et une loi votée en 2011 a ouvert la voie à la possibilité de les enfermer à nouveau. L'ouverture d'une unité fermée au centre 127bis, décidée par le gouvernement actuel de centre-droit, a été dénoncée ces dernières semaines par le Conseil de l'Europe et le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).