L'équipe russe de pirates informatiques soupçonnée d'avoir tenté d'interférer dans l'élection présidentielle américaine en 2016 cible des groupes de réflexion conservateurs pour en dérober des données, a indiqué lundi Microsoft.
Sur ordre d'un tribunal, le géant américain des logiciels a pris le contrôle la semaine dernière de six faux sites internet impliqués dans cette campagne, a indiqué Brad Smith, président du Microsoft, dans un blog.
Des informations personnelles comme des mots de passe dérobés. Ces pirates sont liés aux services de renseignements militaires russes, le GRU, a-t-il affirmé. L'objectif est de laisser croire aux internautes qu'ils accèdent à des liens gérés par ces organisations, tout en les redirigeant vers de faux sites gérés par des pirates afin de leur dérober des informations, dont des mots de passe.
"De quoi parle-t-on?", réagit la Russie. Réagissant à ces informations, le Kremlin a indiqué "ne pas savoir de quels pirates il est question et en quoi ils ont influencé les élections". "De quoi parle-t-on? Nous ne comprenons pas sur quelles preuves et sur la base de quoi de telles conclusions sont faites. Il n'y a rien de tout ça et nous traitons de telles déclarations en conséquence", a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
"Nous ne comprenons pas ce que viennent faire ici les renseignements militaires russes. Sur quoi sont fondées des accusations aussi graves? Elles ne doivent pas être émises sans fondement", a-t-il ajouté.
"Une menace pour la sécurité". Selon Microsoft, un des sites piratés semblait imiter celui de l'International Republican Institute, dont le comité comprend des sénateurs républicains comme John McCain, critique vis-à-vis du président russe Vladimir Poutine, selon Brad Smith. Un autre ressemble au site de l'Hudson Institute, qui organise des discussions autour de thèmes comme la sécurité informatique. Un site piraté imitait pour sa part celui du Sénat américain.
"Nous craignons que ces sites et d'autres constituent une menace pour la sécurité d'un nombre grandissant de groupes liés aux deux partis politiques américains dans la perspective des élections de mi-mandat de 2018", a écrit le patron de Microsoft.
"C'est une nouvelle démonstration que les Russes ne mènent pas réellement des attaques partisanes. Ils mènent des attaques qu'ils perçoivent dans leur propre intérêt national", a déclaré Eric Rosenbach, directeur du projet Defending Digital Democracy (défendre la démocratie numérique) à l'université Harvard, interrogé par le New York Times. "Il s'agit de perturber et d'affaiblir tout groupe qui conteste la manière dont la Russie de Poutine opère à domicile et dans le monde", a-t-il ajouté.