Ils étaient ses amis, ils sont devenus ses ennemis. Donald Trump, acculé après les récents déboires judiciaires de deux de ses proches, vit sans doute l'une des pires semaines de sa présidence. Si son ex-avocat, Michael Cohen, affirme avoir acheté à sa demande le silence de deux maîtresses présumées, ce n'est pas la première fois que le locataire de la Maison-Blanche est lâché par l'un de ses fidèles.
- Michael Cohen, ou quand le "pitbull" mord son maître
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C'était un fidèle parmi les fidèles. L'ancien avocat du milliardaire voyait en Donald Trump un "patriarche" et un "mentor". Il s'était même dit un jour prêt à "prendre une balle" pour le protéger. Surnommé le "pitbull" de Donald Trump, Michael Cohen a pointé le pistolet sur son patron mardi, en plaidant coupable pour fraude fiscale et bancaire et pour violation des lois sur le financement des campagnes électorales. À l'aube de ses 52 ans, il a ainsi reconnu avoir acheté, "à la demande du candidat" et pour "influencer l’élection" de 2016, le silence de deux femmes affirmant avoir eu une liaison avec Trump.
Et le New-Yorkais est disposé à lâcher d'autres "bombes" pour éviter la prison, selon des experts. Son avocat Lanny Davis a ainsi laissé entendre mercredi que son client pourrait être utile au procureur spécial Robert Mueller, en charge de l'enquête-fleuve sur une éventuelle collusion entre l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie pour peser sur la présidentielle 2016.
"Michael Cohen a des informations qui seraient intéressantes pour le procureur spécial, concernant tant la connaissance (par la campagne Trump) d'une conspiration russe pour corrompre la démocratie américaine que leur refus de transmettre cette information au FBI", a déclaré Lanny Davis sur la chaîne MSNBC. "Il y a des déclarations que (Michael Cohen) peut faire" indiquant que Trump était au courant des manipulations informatiques russes pour influencer la campagne, "mais je ne peux rien dire de plus", a-t-il ajouté sur CBS.
Le président américain a traité son ancien homme de main de menteur, avant d'ironiser sur FoxNews : "Si quelqu'un cherche un bon avocat, je suggère fortement que vous ne vous attachiez pas les services de Michael Cohen !"
- Sam Nunberg, l'ancien conseiller viré trois fois
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Le mur à la frontière mexicaine, c'était son idée. Sam Nunberg a commencé à travailler pour Donald Trump en 2011, au moment où le magnat de l’immobilier commençait sérieusement à envisager la perspective de devenir président des États-Unis. En bon conseiller politique, il l'a aidé à gravir une à une les marches qui le séparaient de la Maison-Blanche… Ce qui n'a pas empêché le futur Commander in chief de le licencier à trois reprises ! Et de le poursuivre en juillet 2016 - en lui réclamant 10 millions de dollars - "pour avoir violé un accord de confidentialité".
L'affaire a été réglée à l'amiable et Sam Nunberg assure être toujours un partisan de Trump. Après avoir refusé de collaborer avec Robert Mueller dans l’enquête sur l’ingérence russe, l’ancien conseiller de 37 ans a néanmoins fini par changer d'avis : Trump "a très bien pu avoir fait quelque chose durant l’élection avec les Russes", a-t-il notamment chargé en mars dernier…
- George Papadopoulos, l'homme qui murmurait à l'oreille des enquêteurs
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Sur Twitter, Donald Trump l'avait qualifié fin octobre 2017 de "bénévole de bas étage" et de "menteur". George Papadopoulos, 31 ans à peine, était pourtant chargé des questions de politique étrangère durant sa campagne. Le milliardaire, alors candidat, avait même vanté ses mérites dans une interview au Washington Post, le décrivant comme l’un de ses “consultants en pétrole et en énergie, un gars excellent”.
Mais si la Maison-Blanche tente de minimiser son rôle, c'est surtout parce que George Papadopoulos lui paraît bien embarrassant. Arrêté en juillet 2017, le trentenaire a reconnu avoir menti au FBI lors d’un interrogatoire sur les liens entre l’équipe de campagne de Donald Trump avec la Russie, et plus précisément sur le nombre de contacts qu'il avait eus avec des officiels du Kremlin, sur la teneur de leurs échanges et sur ses connaissances dans l'affaire des e-mails d'Hillary Clinton.
Alors que six mois d’emprisonnement ont été requis contre lui, le jeune avocat coopère depuis avec les autorités. Une vraie menace pour l'administration Trump.
- Steve Bannon, le bras droit à la langue de vipère
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On ne présente plus Steve Bannon, ex-sulfureux conseiller de Donald Trump, si proche de l'extrême-droite qu'il s'est affiché en mars dernier aux côtés de Marine Le Pen, lors du 16ème Congrès du FN (devenu depuis Rassemblement national), à Lille.
L'ancien patron du site ultra-conservateur Breitbart News avait littéralement ouvert les portes du pouvoir à Donald Trump. Il avait quitté la Maison-Blanche en août 2017, moins d'une semaine après la manifestation meurtrière de Charlottesville. Lui a toujours assuré ne pas avoir été limogé et être parti en bons termes.
Mais dans le livre Le Feu et la Fureur : Trump à la Maison-Blanche, récit accablant du journaliste Michael Wolff, Bannon accuse de trahison le fils du président, soupçonné d'avoir rencontré une avocate russe dans le but d'obtenir des informations compromettantes sur Hillary Clinton.
Donald Trump ne digère pas cette sortie. Dans un communiqué, il explique que "Steve n'a eu qu'un rôle très limité dans notre victoire historique" et accuse son ancien chef de campagne d'avoir "perdu la raison". Depuis, les relations entre les deux hommes se seraient toutefois réchauffées.
- Omarosa Manigault-Newman, la vengeance à coups de micro
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Ancienne candidate de The Apprentice, l’émission de téléréalité de Donald Trump, celle qui est davantage connue par son prénom faisait partie de l'équipe de campagne du candidat Trump, avant d'être propulsée "dircom" du Bureau des relations publiques à la Maison-Blanche, avec à la clé l'un des meilleurs salaires du 1.600 Pennsylvania Avenue.
L'aventure n'a duré que onze mois. Onze mois dont l'Afro-Américaine de 44 ans a tiré plusieurs enregistrements sonores, en prévision de la sortie de son livre Unhinged (Dérangé), paru la semaine dernière. Certains de ces enregistrements prouveraient même le racisme du président américain, également décrit comme "intolérant" et "misogyne", ainsi que les tentatives de soudoiement dont elle aurait fait l’objet après son limogeage.
Des accusations à cent mille lieux de son fanatisme clamé haut et fort à la chaîne PBS, un jour de septembre 2016 : "Tous ses détracteurs devront s'incliner devant le président Trump".
"Omarosa la folle, virée trois fois de The Apprentice, est virée pour la dernière fois", a réagi Donald Trump, il y a une dizaine de jours sur Twitter. Et de continuer, dans une série de tweets : "Elle m'a supplié pour un boulot, la larme à l'oeil. J'ai dit OK. Elle était haïe à la Maison-Blanche. [...] À l'arrivée du général Kelly (en tant que chef de cabinet, ndlr), il m'a dit que c'était une ratée qui n'apportait que des problèmes. Je lui ai dit de faire en sorte que ça marche avec elle, car elle ne disait que des choses SUPER à propos de moi - jusqu'à ce qu'elle soit virée !"