Le témoignage d'une adolescente marocaine, Khadija, disant avoir été kidnappée, violée et martyrisée par un groupe d'hommes, a suscité une importante mobilisation sur les réseaux sociaux, et une pétition pour lui venir en aide a été lancée. Le hashtag #noussommestouskhadija accompagné d'un dessin de femme nue, tatouée, le visage barré d'un "SOS", est devenu viral ces derniers jours après la publication de son témoignage dans des médias marocains.
"Séquestrée, violée et torturée" pendant près de deux mois. Sur la vidéo publiée le 21 août, Khadija Okkarou, 17 ans, affirme avoir été enlevée il y a trois mois devant chez sa tante à Fqih ben Saleh dans le centre du pays, par des garçons connus pour appartenir à une "bande dangereuse". "Ils m'ont séquestrée pendant près de deux mois, violée et torturée, (...) je ne leur pardonnerai jamais, ils m'ont détruite", dit-elle, en montrant des tatouages graveleux et des traces de brûlures de cigarettes sur son corps.
Douze personnes interpellées. Selon son père, Mohamed Okkarou, trois de ses agresseurs, à propos desquels aucune information n'a filtrée, ont été arrêtés samedi. Il affirme également que la première audience du procès aura lieu le 6 septembre. Au total, douze personnes ont été interpellées dans le cadre de cette affaire, a indiqué à l'AFP Naima Ouahli, membre de l'Association marocaine des droits humains à Beni Mellal, près de Fqih ben Saleh. La police et le parquet marocains n'étaient pas joignables dans l'immédiat pour commenter le cas de la jeune femme.
Une pétition signée plusieurs milliers de fois. "Son état est stable, nous essayons de la soutenir, de lui assurer que justice lui sera rendue et de lui dire qu'elle n'y est pour rien (...). Nous sommes émus par l'élan de solidarité avec elle", a affirmé son père. La pétition, destinée à lui fournir des soins et une aide psychologique, avait recueilli dimanche soir plus de 3.400 signatures. Le sujet est d'autant plus sensible dans le royaume qu'il fait écho à de précédents faits divers ayant ému l'opinion.
Une affaire qui en rappelle d'autres. En 2016, une mineure de 16 ans s'était immolée par le feu après avoir été victime d'un viol collectif, ses agresseurs l'ayant fait chanter en la menaçant de diffuser des vidéos de son viol. Les prévenus avaient été remis en liberté provisoire avant leur procès, ce qui avait suscité un scandale. Huit personnes ont été condamnées à des peines allant de huit à 20 ans de prison.
Un des cas les plus célèbres de la cause féminine reste celui d'Amina Filali, une adolescente de 16 ans qui s'était elle aussi suicidée en 2012 après avoir été contrainte d'épouser son violeur. La mobilisation civile après sa mort avait débouché sur l'abrogation de l'article 475 du code pénal, qui permettait aux violeurs d'échapper à la prison en épousant leur victime.