C'est le premier gros couac de l'administration Trump depuis son investiture. Le conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn a été contraint de démissionner lundi soir après avoir reconnu avoir "par inadvertance trompé le vice-président élu (Mike Pence) et d'autres personnes avec des informations incomplètes sur (ses) discussions téléphoniques avec l'ambassadeur de Russie", a-t-il déclaré dans un communiqué. Simon Grivet, historien des États-Unis et spécialiste de la justice et de la politique pénale américaine, nous aide à y voir clair.
- Que reproche-t-on exactement à Michael Flynn ?
On lui reproche d'avoir eu des conversations approfondies avec l'ambassadeur russe aux Etats-Unis avant l'investiture de Trump, le 21 janvier, ce qui est illégal. Cela enfreint une vieille loi de 1799, le Logan's Act, qui interdit à des personnes privées de mener une diplomatie parallèle. Or, Flynn aurait dit explicitement à l'ambassadeur russe que les sanctions décidées par Barack Obama - suite aux piratages et autres interventions russes pendant la campagne présidentielle - ne dureraient pas longtemps, qu'elles seraient effacées par Donald Trump. Vladimir Poutine n'avait d'ailleurs pas décidé de représailles après les mesures prises par Obama.
- Quelles conséquences pour l'administration Trump ?
C'est un sacré camouflet pour l'administration Trump. Le président lui-même doit son élection en partie aux soupçons de négligence d'Hillary Clinton à propos de son serveur privé. Michael Flynn avait alors prononcé des discours appelant à envoyer Hillary Clinton en prison ("Lock Her Up"), en affirmant qu'elle représentait un risque pour la sécurité nationale.
Par ailleurs, Mike Pence, le vice-président, passe pour un idiot. En effet, le contenu des contacts entre Michael Flynn et l'ambassadeur russe a été intercepté par les services secrets américains, et Barack Obama en avait apparemment informé Donald Trump. Cela a fuité dans la presse, mais Michael Flynn avait alors nié. Mike Pence s'était personnellement rendu deux fois à la télévision pour le défendre. L'a-t-il fait en mentant, c'est l'une des questions qui se posent. Pour l'heure, Flynn le couvre dans sa lettre de démission, en déclarant avoir "insuffisamment informé le vice-président de [ses] conversations avec l'ambassadeur".
- Qu'est-ce que cette affaire dit des relations entre l'administration Trump et la Russie ?
Cette affaire relance les doutes sur une trop grande proximité entre l'administration Trump et la Russie. Les démocrates vont évidemment essayer de l'utiliser en diligentant des commissions d'enquête au Congrès et pour essayer d'établir ce que savait réellement Donald Trump. Et surtout, pourquoi avoir attendu trois semaines pour limoger cet encombrant conseiller.