Le Commissaire européen à l'Economie Pierre Moscovici a estimé lundi que la fin des plans d'aide en Grèce signait un jour "majeur voire historique" pour le pays marqué par huit ans de cure d'austérité.
289 milliards d'euros de prêts en trois programmes. "C'est un jour majeur voire historique pour la Grèce" qui "pendant près de 10 ans est non pas sous la tutelle mais sous le coup de programmes qui sont des programmes d'assistance", a affirmé Pierre Moscovici sur France Inter. "La Grèce va pouvoir se financer seule sur les marchés (...), définir sa propre politique économique, bien sûr en poursuivant les réformes", s'est-il félicité.
La Grèce quitte officiellement ce lundi la tutelle de ses créanciers -zone euro et Fonds monétaire international (FMI)- pour recommencer à se financer seule sur les marchés, après plusieurs années de profonde récession. Elle a reçu de ses créanciers (FMI, UE et BCE) 289 milliards d'euros de prêts en trois programmes, en 2010, 2012 et 2015, en échange de réformes structurelles violentes dont certains créanciers eux-mêmes reconnaissent aujourd'hui qu'elles n'étaient pas toutes optimales, et qui lui ont fait perdre un quart de son PIB en huit ans, poussant le chômage à 27,5% en 2013.
"La crise grecque a été d'une dureté sans précédent." Le pays, qui a réalisé en 2016 et 2017 des excédents budgétaires (hors charge de la dette) d'environ 4%, bien au-delà des exigences des créanciers, n'est pas encore tout à fait libre. Il a déjà dû pré-légiférer de nouvelles réformes pour 2019 et 2020 et restera sous surveillance plusieurs années. Sa dette est toujours de 180% de son PIB, et le FMI la juge insoutenable à terme.
"La crise grecque a été d'une profondeur, d'une durée, d'une dureté absolument sans précédent, donc il va falloir surveiller ses engagements d'un peu plus près", a jugé l'ancien ministre de François Hollande. Pierre Moscovici a également reconnu "des erreurs (...) au cours de ces très longues années", citant notamment des mécanismes de solidarité "qui ont été faits un peu sous la pression de la crise et n'ont pas été des mécanismes volontaires".