La ministre britannique de l'Intérieur Amber Rudd a démissionné dimanche après plusieurs scandales entourant le traitement des immigrés par ses services, laissant la Première ministre conservatrice Theresa May en position de fragilité à quelques jours d'élections locales.
Objectifs chiffrés d'expulsion. "La Première ministre a accepté ce soir la démission de la ministre de l'Intérieur", a déclaré un porte-parole de Downing street. Amber Rudd, 54 ans, était sur la sellette depuis plusieurs jours après la révélation que ses services avaient des objectifs chiffrés pour expulser les immigrés clandestins. Elle avait tout d'abord nié être au courant de l'existence de tels objectifs devant une commission parlementaire. "J'ai involontairement trompé la commission parlementaire des affaires intérieures sur les objectifs de déplacement des immigrés clandestins pendant leurs questions sur Windrush", a reconnu Amber Rudd dans sa lettre de démission à Theresa May.
Le scandale des immigrés du Commonwealth. Amber Rudd paie également pour le scandale dit de Windrush (le traitement des immigrés d'origine caribéenne arrivés au Royaume-Uni après la seconde guerre mondiale) qui a suscité une vague de colère dans le pays. Les milliers d'immigrés venus des pays du Commonwealth entre 1948 - quand le Windrush, premier bateau transportant des migrants depuis les Caraïbes, a débarqué près de Londres - et le début des années 1970, pour reconstruire le pays après la Seconde guerre mondiale, avaient obtenu le droit de rester indéfiniment. Mais ceux qui n'ont jamais réclamé de papiers d'identité en bonne et due forme se sont retrouvés traités comme des immigrés illégaux, courant le risque d'être expulsés s'ils ne fournissaient pas de preuve pour chaque année de présence au Royaume-Uni.
Des élections locales à valeur de test. La démission de cette fidèle, qui avait succédé à Theresa May à l'Intérieur en 2016, est un coup dur pour la Première ministre, qui va affronter le 3 mai des élections locales à valeur de test pour son gouvernement, déjà déchiré par le Brexit et qui dispose d'une très mince majorité au Parlement. C'est aussi la quatrième démission d'un membre du gouvernement en six mois, après celles du ministre de la Défense Michael Fallon et du vice-Premier ministre Damian Green pour harcèlement sexuel, ainsi que de la secrétaire d'Etat au développement Priti Patel. Theresa May doit aussi gérer la profonde division de son parti conservateur sur le Brexit. Amber Rudd faisait partie du camp des ministres europhiles partisans du maintien de liens étroits avec l'UE après le départ de l'Union, prévu en mars 2019, et son départ modifie aussi l'équilibre au sein du gouvernement.