Le Parlement de Hong Kong a adopté une loi controversée sur un nouveau terminal ferroviaire qui permet pour la première fois, depuis la rétrocession à Pékin en 1997, que la législation chinoise s'applique à un bout de l'ancienne colonie britannique.
Une zone sous l'autorité de Pékin. La nouvelle gare de West Kowloon, en plein centre de la métropole, comprendra une zone spéciale sous l'autorité de Pékin. Des policiers chinois y effectueront les formalités d'immigration, des douaniers ou les services de sécurité du continent y seront déployés, parallèlement aux contrôles des services hongkongais.
Les autorités chinoises comme hongkongaises expliquent que cet arrangement facilitera la vie des voyageurs. La nouvelle liaison mettra dès l'automne la nouvelle gare à une cinquantaine de minutes de Canton et à un quart d'heure de Shenzhen, dans le sud de la Chine.
"Nos libertés sont en danger", selon un manifestant. La loi a été adoptée jeudi soir par le Conseil législatif hongkongais par 40 voix pour, 20 contre et une abstention, alors que 200 manifestants environ dénonçaient un nouvel empiétement de la Chine sur le territoire. Une poignée de députés démocrates protestant contre la loi avaient été interdits de séance. "La loi fondamentale [la mini Constitution] ne protège plus le peuple de Hong Kong. Nos libertés sont en danger", a lancé un manifestant, un retraité qui s'est présenté sous le nom de Wong.
Vers la fin du statut spécial de Hong Kong ? Aux yeux de ses adversaires, cette loi est un nouveau coup porté au statut semi-autonome dont bénéficie Hong Kong en vertu du principe "Un pays, deux systèmes". Hong Kong jouit de libertés inconnues sur le continent, comme la liberté d'expression et l'indépendance de la justice. L'État de droit est la clé de voûte de sa culture et de sa réussite en tant que centre d'affaires international.
Une série d'incidents, comme la disparition de cinq libraires hongkongais dont certaines publications déplaisaient à Pékin et la disqualification de six députés rebelles, font toutefois craindre que la Chine ne soit en train de les éroder. La loi fondamentale de Hong Kong dispose clairement que les lois chinoises ne s'appliquent pas au territoire, à part dans certains domaines bien précis comme celui de la défense.