L'incendie qui a fait 88 morts près d'Athènes et placé le gouvernement grec sous le feu des critiques pour sa gestion de la crise, est dû à une "conjonction de facteurs", parmi lesquels le vent et "le manque de débroussaillage", selon le colonel Gérard Patimo, chef d'état-major interministériel adjoint de zone sud en France, et l'un des responsables de la gestion l'année dernière des incendies ayant ravagé le sud de la France. Présent en Grèce, il prépare un rapport sur ces incendies mortels.
Évacuation désordonnée. "Il y a eu une conjonction de plusieurs éléments" ayant facilité la propagation de l'incendie du 23 juillet, a-t-il jugé samedi auprès de l'AFP. Le colonel a expliqué dans un entretien qu'il était en Grèce dans le cadre d'une réunion bilatérale programmée de longue date entre les services de la Protection civile des deux pays lorsque le feu s'est déclaré. Selon lui, "la grande vitesse du vent d'ouest en est, rare dans la zone" - à 120km/h selon les autorités grecques - a fait se propager l'incendie dans des habitations en moins d'une heure, "ce qui n'a pas laissé le temps de mettre en place un plan d'évacuation organisé". Les gens paniqués, ayant le feu derrière eux, se sont dirigés vers la côte, ce qui a provoqué d'énormes embouteillages, de nombreuses personnes ayant été piégées et brûlées dans leurs voitures.
Peu avant le départ de feu à Mati, un autre violent incendie s'est déclaré à l'ouest d'Athènes, sur le mont Gerania près de la station balnéaire de Kineta, "ce qui a empêché de déployer" rapidement des forces de pompiers à l'est, a ajouté cet expert. Il a également insisté sur les particularités "du relief du terrain, qui était favorable à la propagation rapide du feu", sur "le reboisement par de petits pins, autant de "combustible additionnel" et "le manque de débroussaillage dans certains terrains dans les zones urbaines".
Crise politique. Avant d'envahir les stations balnéaires de Mati et Rafina, le feu s'est déclaré sur le mont proche de Penteli, brulé à plusieurs reprises ces dernières décennies. "Lors du reboisement, il faut prendre en compte l'interface entre les zones forestières et urbaines", rappelle cet expert ayant survolé la région au lendemain du désastre et qui prépare un rapport sur ce feu. La polémique en Grèce fait rage : les critiques de l'opposition et des médias sur "la mauvaise coordination" ou "le manque de plan d'évacuation" se poursuivent alors que les services compétents se renvoient la balle. Vendredi, le ministre adjoint de la Protection du citoyen, tenu responsable du drame, a été limogé.