Après les marques d'amitié, les sujets qui fâchent. Entre deux accolades, Emmanuel Macron et Donald Trump ont évoqué leurs désaccords, mardi lors d'une conférence de presse commune à Washington. Au premier rang desquels le nucléaire iranien. "Nous souhaitons travailler sur un nouvel accord avec l'Iran", a notamment indiqué le chef de l'État français, après avoir abordé des sujets tels que la Syrie, le climat, le commerce ou encore l'amitié franco-américaine.
Sur le nucléaire iranien
Avant même son tête-à-tête avec Emmanuel Macron dans le Bureau ovale, Donald Trump avait donné un aperçu des dissensions de fond entre les deux hommes sur ce dossier : l'accord sur le nucléaire iranien est "un désastre", c'est un texte "dément" et "ridicule", n'a cessé de marteler le président américain.
"Nous n'avons pas les mêmes positions de départ et ni vous ni moi n'avons pour habitude de changer nos positions au gré du vent", a reconnu d'emblée le président français devant les journalistes. "Vous pensez que l’accord négocié avec l'Iran est un mauvais accord. Je dis qu’il n'est pas suffisant mais qu'il nous permet d’avoir un contrôle sur les activités nucléaires jusqu’en 2025", a-t-il ainsi résumé, avant d'ouvrir la voie à un nouvel accord à construire "dans les semaines, dans les mois qui viennent".
Ce nouveau texte permettrait également, selon Emmanuel Macron, de bloquer toute activité nucléaire à long terme, c'est-à-dire au-delà de 2025, de "stopper les activités balistiques de l'Iran dans la région", de "créer les conditions d’une stabilité politique dans la région et de contenir l’influence iranienne". Puis de préciser que la Turquie et la Russie seront associées à ces discussions, notamment sur la Syrie.
Le président américain a posé la date du 12 mai comme ultimatum à ses alliés européens pour qu'ils "remédient aux terribles lacunes" du texte de l'accord.
Sur la Syrie
Les deux dirigeants se sont aussi exprimés sur les frappes américaines, britanniques et françaises en Syrie, le 14 avril dernier, suite à une attaque chimique présumée du régime de Bachar al-Assad. "Monsieur Emmanuel Macron, je vous remercie pour votre leadership dans le cadre de cet effort, il s’agit d’une mission très bien exécutée, je remercie les forces armées françaises", a loué Donald Trump, insistant sur la coopération entre la France et les États-Unis.
"Nous voulons réduire à néant le groupe État islamique. Nous allons devoir construire la paix, et nous assurer que les Syriens puissent vivre dans la paix. C'est le travail diplomatique entamé que nous devons terminer", a complété Emmanuel Macron.
Et Donald Trump, une nouvelle fois, de faire allusion à Téhéran. "Au moment où nous chassons ces assassins de l'EI de Syrie, il est essentiel que les nations responsables du Proche-Orient relèvent leurs propres contributions pour empêcher l'Iran de profiter du succès de nos efforts anti-EI", a-t-il déclaré. Ces nations "doivent relever énormément leur effort financier, pas un peu, mais énormément", a ajouté le président américain, alors que plusieurs pays arabes, dont l'Arabie saoudite, participent à la coalition internationale en apportant notamment une aide logistique.
Sur la Corée du Nord
Interrogé sur la Corée du Nord, Donald Trump, qui a loué plus tôt l'attitude de Kim Jong Un, a exhorté Pyongyang à éliminer tout son arsenal nucléaire, avant un sommet très attendu avec le dirigeant nord-coréen. "Ça veut dire se débarrasser de leurs bombes atomiques. Très simple. Ils se débarrassent de leurs bombes atomiques", a-t-il rapidement balayé. Aucune indication ni sur la date exacte ni sur le lieu de sa rencontre avec le dirigeant nord-coréen n'a en revanche été donnée.
Sur le climat
Autre grand sujet de désaccord entre Emmanuel Macron et son homologue de la Maison-Blanche, la question du climat n'a été que très peu été abordée à l'occasion de ce déplacement. "La France continuera à travailler sur des textes comme le pacte mondial de l'environnement mais nous souhaitons que nos chercheurs puissent continuer à travailler sur le sujet, et nous sommes d’accord sur ce point", a cependant souligné le chef de l'État français.
Sur le commerce
Au sujet des tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium imposés par les États-Unis aux autres pays, Emmanuel Macron s'est là encore attaché à mettre en avant les points d'accord entre les deux hommes : "Nous voulons un commerce juste et équitable. (…) Nous avons nos préférences collectives réciproques, des situations que nous pouvons améliorer, mais nous sommes l’un et l’autre attachés à ce que nos entreprises puissent travailler dans un cadre clair et de long terme", a-t-il notamment souligné, tandis que Donald Trump a déclaré que son pays avait "hâte d’explorer de nouvelles pistes pour développer les échanges bilatéraux".
Sur l'amitié franco-américaine
Ils n'ont cessé de l'afficher depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron sur le sol américain. Les deux chefs d'État ont encore multiplié les déclarations d'amitié lors de cette conférence de presse. Poignées de main, accolades, bise et même un savoureux "Je l'aime beaucoup !" lancé par Donald Trump à l'égard du président français, sous les rires de l'assemblée, ont rythmé cette conférence de presse.
"Notre relation est essentielle", a répété Donald Trump, rappelant l'histoire commune entre la France et les États-Unis depuis la Première Guerre mondiale. Et le président américain de conclure : "Je pense que nous avons beaucoup en commun. Il y a beaucoup de sujets sur lesquels nous sommes d'accord. La France va atteindre de nouveaux sommets grâce à ce président. C'est un honneur de vous appeler mon ami."
France-USA pic.twitter.com/sBloQi9j82
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 24 avril 2018
Quelques minutes après la conférence de presse, Emmanuel Macron, qui participera dans la soirée au fastueux dîner d'État prévu à la Maison-Blanche, a même posté sur Twitter la photo d'une de leurs innombrables poignées de main, avec cette légende : "France-USA".