Le président français Emmanuel Macron est arrivé jeudi en Russie pour œuvrer avec Vladimir Poutine à la mise en place d'"initiatives communes" sur le nucléaire iranien, la Syrie et l'Ukraine, malgré un climat qui ne cesse de se dégrader entre Moscou et les Occidentaux.
Un an après un premier tête-à-tête à Versailles, le président russe a accueilli Emmanuel Macron et sa femme Brigitte, à qui il a offert un bouquet de fleurs, sur les terrasses du fastueux Palais Constantin, dominant le Golfe de Finlande, au sud-ouest de l'ancienne capitale impériale Saint-Pétersbourg.
Le moment que nous vivons (qu’il s’agisse de l’Ukraine ou du Moyen-Orient) impose que la Russie et la France prennent des initiatives communes. pic.twitter.com/TbdEbV50vZ
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 24 mai 2018
Une visite de deux jours. Prévue sur deux jours, la première visite d'Emmanuel Macron en Russie intervient à l'occasion du Forum international économique de Saint-Pétersbourg, principal rendez-vous des milieux d'affaires russes où est attendu aussi le Premier ministre japonais Shinzo Abe. Elle doit permettre au président français, flanqué d'une imposante délégation d'homme d'affaires, de montrer sa volonté de continuer à faire du commerce avec la Russie malgré des relations très tendues.
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Ne pas éviter les sujets qui fâchent. "Qu'il s'agisse de l'Ukraine, du Moyen-Orient, de la crise iranienne et de la situation en Syrie, qu'il s'agisse aussi de la manière dont nous voyons le multilatéralisme contemporain, je crois qu'il nous faut travailler pour prendre des initiatives communes", a déclaré Emmanuel Macron au début de l'entretien. "Nos relations se développent malgré les difficultés", a relevé de son côté Vladimir Poutine, ajoutant qu'il comptait aborder "les sujets internationaux clés dont la solution sont dans l'intérêt de la France comme de la Russie".
Préserver l'accord iranien. Les thèmes ne manquent pas. Après des années de tensions liées à la crise ukrainienne et au conflit syrien, l'empoisonnement en mars d'un ex-espion russe en Angleterre a provoqué une vague d'expulsions de diplomates. Face à tous ces sujets qui fâchent, un point de convergence est apparu avec le retrait des États-Unis de l'accord sur le programme nucléaire iranien, accompagné de menaces de sanctions américaines si Téhéran ne se plie pas à une liste d'exigences draconiennes en vue d'un nouvel accord. Moscou et les Européens semblent sur ce point être sur la même ligne, les deux pays souhaitant préserver l'accord iranien. Restant discret publiquement sur le sujet, Vladimir Poutine a tenu de nombreux entretiens sur le sujet ces derniers jours, recevant vendredi Angela Merkel.
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Relations entâchées par le conflit syrien. Les relations avec Paris restent empoisonnées par le conflit syrien, qui a fait plus de 350.000 morts depuis le début de la guerre en 2011. Fidèle allié de Bachar al-Assad, reçu le 17 mars par Vladimir Poutine, Moscou intervient militairement dans le pays depuis septembre 2015 et a vivement dénoncé les frappes des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni fin avril contre des positions du régime de Damas, en riposte à une attaque chimique présumée.
La situation ukrainienne, dernier point de tension. Autre point de désaccord : la situation en Ukraine, où les combats opposant depuis quatre ans gouvernement pro-occidental et rebelles prorusses connaissent un regain de tensions ces derniers jours. Les enquêteurs internationaux ont révélé jeudi de quelle unité militaire russe provenait le missile qui a abattu le vol MH17 au-dessus de l'Ukraine en 2014. Garants avec Berlin des accords de paix de Minsk signés en 2015, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine devraient évoquer ce conflit ayant fait 10.000 morts depuis 2014 et où Moscou est accusé par les Occidentaux d'intervenir militairement, ce que la Russie dément.
Human Rights Watch appelle à boycotter la cérémonie d'ouverture du Mondial. L'ONG Human Rights Watch a exhorté Emmanuel Macron à parler des Droits de l'homme avec Vladimir Poutine, "à défaut de quoi il apparaîtrait comme se trahissant lui-même". À trois semaines du début de la Coupe du Monde de football, qui se tiendra du 14 juin au 15 juillet dans onze villes de Russie, l'ONG a appelé à boycotter la cérémonie d'ouverture en raison du soutien de l'armée russe à Bachar al-Assad.