La Colombie signe jeudi avec la guérilla des Farc un accord de paix mettant fin à plus de cinquante ans de conflit armé.
Une seconde célébration plus modeste. L'accord, conclu le 12 novembre après six semaines de renégociations, sera à nouveau signé par le président Juan Manuel Santos et par le chef des Farc, Rodrigo Londono, plus connu sous ses noms de guerre Timoleon Jimenez ou Timochenko. Mais la cérémonie au théâtre Colon à Bogotá sera plus modeste que l'acte célébré le 26 septembre en présence de quelque 2.500 invités, dont 15 chefs d'Etat, dans la station balnéaire de Carthagène des Indes, sur la côte caraïbe. Seuls assisteront jeudi des victimes de la guerre, d'anciens présidents colombiens, des magistrats et des représentants d'associations sociales. Le conflit fratricide qui déchire la Colombie depuis les années 60 a fait plus de 260.000 morts, 60.000 disparus et 6,9 millions de déplacés, impliquant une trentaine de guérillas de gauche, des paramilitaires d'extrême droite et l'armée.
Des guérilleros insuffisamment punis ? L'opposition, qui agite le spectre d'un futur régime castro-chaviste inspiré de Cuba et du Venezuela, estime que le texte n'a pas été suffisamment modifié. Elle entend continuer à protester, en particulier contre la future participation à la vie politique de guérilleros responsables de crimes graves qui seront, selon elle, insuffisamment sanctionnés. "Avec la proximité de l'élection présidentielle de 2018, il était très difficile que l'opposition s'embarque dans un grand pacte national car ses candidats sont plus intéressés à se différencier de l'impopulaire gouvernement Santos", explique la politologue Angelika Rettberg.
La signature de la paix avec les Farc marque par ailleurs le début du rassemblement des guérilleros dans des zones sous contrôle de l'ONU, qui va superviser leur désarmement, prévu sur six mois, et leur réintégration à la vie civile.
Un cessez-le-feu fragile. Suite à des incidents récents, dont la mort de deux rebelles dans des combats présumés avec l'armée et l'assassinat de leaders communautaires, gouvernement comme guérilla ont souligné la fragilité du cessez-le-feu en vigueur depuis fin août. "Il n'y a pas de temps à perdre", a lancé Juan Manuel Santos. Le chef de l'Etat, qui le mois dernier a reçu le prix Nobel en hommage à ses efforts pour la paix, entend ensuite engager d'autres pourparlers avec l'Armée de libération nationale (ELN), guérilla moins puissante que les Farc mais encore active et qui refuse de libérer ses otages en préalable.