La Corée du Nord a confirmé dimanche avoir testé avec succès une bombe à hydrogène, son sixième essai nucléaire, une information auparavant annoncée par le gouvernement japonais après que des agences géologiques ont enregistré une "explosion" de magnitude 6,3 près de son principal site de tests atomiques.
Les trois infos à retenir :
- La Corée du Nord a mené dimanche son sixième essai nucléaire
- La bombe H testée peut être montée sur un missile, selon Pyongyang
- La Corée du Sud appelle à "la punition la plus forte", Macron réclame "la plus grande fermeté"
Une bombe très puissante
Relayant les propos du régime de Pyongyang, la télévision officielle d'État, a déclaré que "le test de la bombe à hydrogène était une réussite parfaite". Les autorités assurent également que la bombe H en question peut être montée sur un missile. L'état-major sud-coréen a indiqué que la secousse sismique avait été détectée en milieu de journée près du site d'essais nucléaires de Punggye-ri.
"Une explosion plutôt qu'un séisme". L'institut géologique américain USGS a enregistré à 12h, heure de Pyongyang (03h30 GMT), une secousse tellurique de magnitude 6,3, signalant une possible "explosion" dans une mine en Corée du Nord. "C'est une explosion plutôt qu'un séisme", a déclaré Jana Pursely, chercheuse à l'USGS.
Puissance quintuplée. Le Centre chinois de surveillance sismologique a également fait état d'une secousse tellurique de 6,3, provoquée par une "explosion présumée", et localisée à une profondeur "nulle", a annoncé le gouvernement dans un communiqué. Moins de dix minutes après le premier séisme, une seconde secousse d'une magnitude de 4,6 due à "un affaissement" a secoué la Corée du Nord. Les bombes H sont beaucoup plus puissantes que les bombes atomiques ordinaires. Les premières estimations des experts quant à la puissance de l'engin testé dimanche varient profondément, certains évoquant une bombe d'une mégatonne.
Le "séisme artificiel" de dimanche était cinq à six fois plus puissant que celui provoqué par le précédent test nucléaire, ont annoncé les services météorologiques sud-coréens. "L'échelle de l'énergie (dégagée) était de cinq à six fois plus puissante que lors du cinquième essai nucléaire", a déclaré à la télévision Lee Mi-Sun, qui dirige l'Administration météorologique coréenne.
Séisme ressenti en Chine. Le séisme a été ressenti jusque dans des régions frontalières du nord-est de la Chine, ont rapporté des médias officiels chinois et des internautes locaux. Les villes frontalières de Yanji et de Baishan ont été touchées, mais le séisme a également été perçu dans le capitale provinciale Changchun, à plus de 400 kilomètres du fleuve séparant les deux pays.
Avancée technologique "crédible"
La Corée du Nord a affirmé que sa bombe à hydrogène pouvait être installée sur le nouveau missile balistique intercontinental dont dispose le régime de Pyongyang. Des analystes étrangers ont émis ces derniers mois des doutes sur la capacité de la Corée du Nord à fabriquer une bombe H et à la miniaturiser suffisamment pour pouvoir l'installer sur un missile. Le dernier essai nucléaire nord-coréen date de septembre 2016. Il avait été le plus puissant des cinq tests conduits par Pyongyang depuis 2006.
Inspection d'une bombe H. Mais l'agence de presse officielle KCNA a annoncé dimanche que Kim Jong-Un avait inspecté une bombe de ce type lors d'une visite à l'Institut des armes nucléaires du régime nord-coréen. L'engin inspecté par le numéro un du régime est "une bombe thermonucléaire d'une très grande puissance fabriquée par nos efforts et notre technologie", a déclaré l'agence officielle KCNA, ajoutant que la Corée du Nord avait "amélioré encore davantage ses capacités techniques", et cela sur la base des progrès "effectués lors du premier test de bombe H".
Si la Corée du Nord était effectivement capable de monter une tête nucléaire sur un missile, cela accroîtrait considérablement les inquiétudes internationales face aux menaces de frappes qu'émet régulièrement Pyongyang. Pour Valérie Niquet, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique, interrogée par Europe 1, ce test "crédibilise la capacité nucléaire" de Pyongyang. "La Corée du Nord a procédé à plusieurs essais nucléaires depuis 2006 avec une puissance en constante augmentation. Le dernier essai, effectué en septembre 2016, était déjà une bombe H mais ce n'était pas une réussite", rappelle Valérie Niquet. "L'essai de dimanche est six fois plus puissant que le précédent. On peut donc dire que la Corée du Nord a effectivement réussi un test de bombe H, c'est tout à fait crédible."
Condamnations internationales
L'essai nucléaire de dimanche induit "une double menace". "D'abord, la capacité nucléaire de la Corée du Nord se crédibilise, ce qui est l'objectif de premier de Pyongyang. Et puis en mettant cette bombe sur un missile intercontinental, c'est le territoire américain qui est directement visé", explique Valérie Niquet. "C'est une provocation frontale qui rajoute à l'escalade des tensions avec les États-Unis."
Indignation au Japon. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a qualifié dimanche d'"absolument inacceptable" le nouvel essai nucléaire de Pyongyang dont les programmes nucléaire et balistique menacent son pays de manière de plus en plus "grave et urgente". Peu après, Pékin a "condamné vigoureusement" l'essai nucléaire nord-coréen tout en exhortant Pyongyang à "cesser d'aggraver la situation" avec des "gestes qui ne servent pas ses intérêts".
Inquiétude en Corée du Sud. De son côté, le président sud-coréen demande "la punition la plus forte" contre son voisin du Nord, réclamant "toutes les mesures diplomatiques, et notamment des sanctions au Conseil de sécurité de l'ONU pour isoler complètement la Corée du Nord". Moon Jae-In a convoqué le Conseil de sécurité nationale pour une réunion d'urgence tandis que l'armée sud-coréenne a relevé son niveau d'alerte.
Macron réclame "la plus grande fermeté". Dans un communiqué, Emmanuel Macron appelle la communauté internationale à réagir "avec la plus grande fermeté" et réclame des réactions du Conseil de sécurité et de l'UE. La Russie estime que le nouvel essai nucléaire nord-coréen "mérite la plus forte condamnation" et ajoute qu'"il est impératif de rester calme et s'abstenir de toute action qui conduirait à une nouvelle escalade".
Pour Trump, "l'apaisement ne fonctionnera pas". Dans une série de trois tweets, Donald Trump a exprimé la réaction américaine à l'annonce par Pyongyang de l'essai de la bombe à hydrogène. Le président américain a voulu faire la démonstration d'une extrême fermeté à l'égard de la Corée du Nord. "La Corée du Sud s'aperçoit, comme je le leur ai dit, que leur discours d'apaisement avec la Corée du Nord ne fonctionnera pas, ils ne comprennent qu'une chose!", a-t-il déclaré.
La Russie et la Chine se posent par ailleurs la question des radiations. Un premier relevé effectué par les services russes près de la frontière avec la Corée du Nord indique que les niveaux de radiation dans l'Extrême-Orient russe se situent "dans la fourchette normale". La Chine a quant à elle, lancé des mesures d'urgence des radiations à sa frontière pour en savoir plus.