Ils partent, et en masse. Touchés de plein fouet dans un pays où l’économie s’est effondrée, les jeunes Vénézuéliens choisissent l’exil, alors même que la réélection contestée de Nicolas Maduro isole le pays sur la scène internationale et fait craindre une crise politique. Des milliers de Vénézuéliens choisissent ainsi d'aller faire leur vie ailleurs, généralement en Amérique Latine, en Europe ou aux Etats-Unis. Cet exode touche toutes les classes sociales, qu'il s'agisse des jeunes issus de milieux modestes mais aussi les plus diplômés. Europe 1 a rencontré quelques-uns d'entre eux, sur le point de tourner le dos à un pays qui ne leur laisse que très peu de perspectives d'avenir.
Des salaires trop bas. Cristobal a tout pour réussir : une famille aisée et des études de commerce presque terminées. Mais la situation s'est tant dégradée qu'il n'imagine plus son futur ici. "Entre l'économie et l'insécurité, je ne vois aucun moyen de m'épanouir", déplore-t-il. "Même si tu trouves un super poste d'ingénieur, par exemple, on ne te paye plus assez pour survivre". À 21 ans, il compte tenter sa chance aux Etats-Unis ou en Europe, dès la fin des cours dans quelques mois.
Même son de cloche du côté de son amie Valeria : "Comment imaginer fonder une famille ici, lorsque l'on a tout juste de quoi manger ?", interroge-t-elle. "Il est impossible d'avoir sa propre voiture ou son propre appartement. Je ne veux pas dépendre de mes parents", avoue la jeune femme.
"Il n'y a plus que des vieux". Faana a vu ses trois enfants s'exiler pour l'Espagne en l'espace de deux ans seulement. Elle ne les voit plus qu'à travers Internet. "C'est horrible, parce que je n'aurais jamais imaginé qu'ils partent vivre aussi loin", explique-t-elle, la gorge nouée par les sanglots. "C'est triste parce qu'ils sont tous diplômés, c'est une vrai marée de jeunes qui partent. Il n'y a plus que des vieux", déplore-t-elle.
C’est toute une classe d’âge qui quitte le Venezuela. Les plus modestes partent même à pied, vers la Colombie. Ils seraient déjà plus d'un million de l'autre côté de la frontière, mais aucun chiffre officiel ne filtre sur le sujet. Selon un dernier sondage, un tiers des Vénézuéliens envisagent désormais de faire leurs valises.