La Russie bloque à l'ONU un rapport critique d'experts chargés de l'application des sanctions internationales contre la Corée du Nord. Moscou est en désaccord sur certains de ses éléments, une première depuis l'imposition en 2017 de vastes mesures économiques contre ce pays.
Une discussion vive". "La discussion a été vive", a affirmé jeudi à des médias l'ambassadeur russe Vassily Nebenzia à l'issue d'une réunion à huis clos des 15 membres du Conseil de sécurité. "Le rapport est suspendu car nous sommes en désaccord sur certains éléments et sur la manière dont le processus est conduit", a-t-il indiqué, sans préciser les points en question.
Quota d'importation de pétrole. Selon une source diplomatique s'exprimant sous couvert d'anonymat, la Russie reproche notamment aux experts de mentionner dans leur document que la Corée du Nord a dépassé en 2018 son quota d'importation de pétrole fixé par une résolution de sanctions adoptée en 2017. Les Etats-Unis avaient réclamé en vain en juillet l'arrêt de toute exportation de pétrole à destination de la Corée du Nord en affirmant, photos satellitaires à l'appui et par une savante estimation des tonnages de navires pris en flagrant délit, que des transbordements illégaux en haute mer avaient permis à Pyongyang d'importer davantage de pétrole qu'autorisé par l'ONU.
Pour la Russie, ses "préoccupations" n'ont pas été prises en compte. Dans la bureaucratie onusienne, les rapports réalisés par des experts de l'ONU sont transmis au Comité de sanctions créé pour tel ou tel pays. Les quinze membres de la plus haute instance de l'ONU siègent dans ce Comité qui, après examen, transmet formellement le document des experts au Conseil de sécurité pour être publié. "Plusieurs de nos préoccupations exprimées lors d'une réunion du Comité de sanctions (chargé de la Corée du Nord) n'ont pas été prises en compte. C'est pour cela que le rapport est suspendu pour le moment", a expliqué Vassily Nebenzia.