Le président brésilien, Luiz Ignacio Lula da Silva, a accusé dimanche Israël de commettre un "génocide" des Palestiniens dans la bande de Gaza, établissant le parallèle avec l'extermination des juifs mise en œuvre par le régime hitlérien. "Ce qui se passe dans la bande de Gaza n'est pas une guerre, c'est un génocide", a déclaré Lula da Silva à la presse depuis Addis-Abeba, en Éthiopie, où il assiste à un sommet de l'Union africaine.
Une des voix les plus virulentes contre l'offensive israélienne
"Ce n'est pas une guerre de soldats contre des soldats. C'est une guerre entre une armée hautement préparée et des femmes et des enfants", a ajouté le dirigeant brésilien, vétéran de la gauche. "Ce qui se passe dans la bande de Gaza avec le peuple palestinien ne s'est produit à aucun autre moment de l'histoire. En fait, cela s'est déjà produit : lorsque Hitler a décidé de tuer les juifs", a-t-il martelé. Ces propos font partie des commentaires les plus virulents jamais formulés sur le conflit en cours entre Israël et le Hamas par Lula, éminente voix du Sud dont le pays assure actuellement la présidence tournante du G20.
Le dirigeant de 78 ans avait condamné l'attaque du 7 octobre du Hamas contre Israël en la qualifiant d'acte "terroriste" dans la foulée. Mais il s'est depuis lors montré très critique à l'égard de la campagne militaire de représailles d'Israël. L'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien a entraîné la mort de 1.160 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP à partir des chiffres officiels israéliens. Les assaillants ont également pris en otage environ 250 personnes, dont 130 sont toujours à Gaza, parmi lesquelles 30 présumées mortes, selon les chiffres israéliens. Les bombardements et l'offensive terrestre menés depuis par Israël à Gaza ont tué au moins 28.985 personnes, en majorité des femmes et enfants, selon le Hamas.
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Le président brésilien a aussi critiqué les récentes décisions d'importants donateurs occidentaux de suspendre leur financement de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l'UNRWA, dont Israël a accusé 12 employés d'être impliqués dans l'attaque du Hamas. Le Brésil va augmenter sa propre contribution à l'agence, a affirmé Lula, qui a rencontré le premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh samedi en marge du sommet, exhortant les autres pays à faire de même.
"Lorsque je vois les pays riches annoncer qu'ils cessent de contribuer à l'aide humanitaire aux Palestiniens, j'imagine l'ampleur de la conscience politique de ces personnes et l'esprit de solidarité qui les anime", a-t-il ironisé. "Nous devons cesser d'être petits quand nous devons être grands". Il a réitéré son appel à un règlement du conflit fondé sur la coexistence de deux États, avec une Palestine "définitivement reconnue comme un État souverain à part entière".
"Il s'agit de banaliser la Shoah et de tenter de nuire au peuple juif"
"Les propos du président brésilien sont honteux et graves" et "j'ai décidé avec le ministre des Affaires étrangères Israël Katz de convoquer immédiatement l'ambassadeur du Brésil en Israël pour le sermonner vivement", a réagi dans l'après-midi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Israël Katz a précisé sur X que l'ambassadeur brésilien serait convoqué lundi. "Il s'agit de banaliser la Shoah et de tenter de nuire au peuple juif et au droit d'Israël à se défendre. Comparer Israël à la Shoah nazie et à Hitler, c'est franchir la ligne rouge", a ajouté Benjamin Netanyahu dans un communiqué.
"Israël se bat pour sa défense et pour assurer son avenir jusqu'à la victoire complète et il le fait dans le respect du droit international", a-t-il conclu. "Cela fait des années que le Brésil est aux côtés du Hamas. Le président Lula soutient une organisation terroriste génocidaire (...) et en faisant cela jette l'opprobre sur son peuple et viole les valeurs du monde libre", a de son côté réagi sur X le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.