Le roi du Maroc Mohammed VI a gracié onze militants du mouvement de protestation "Hirak" condamnés fin juin, a-t-on appris mardi auprès de leur avocat. Une grâce accordée à l'occasion de la fête religieuse de l'Aïd al-Adha.
889 grâces au total. Leurs noms figurent sur la liste des 889 grâces royales publiées mardi soir par le ministère de la Justice, selon un des avocats des militants, Mohamed Aghnaj joint par l'AFP. Les 11 militants graciés purgent des peines de deux à trois ans de prison à Casablanca, dans l'ouest du pays, après leur condamnation fin juin au terme du procès-fleuve des meneurs du mouvement de contestation sociale qui a agité la région du Rif, dans le nord, en 2016-2017, selon une source au Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH).
Des peines comprises entre un et vingt ans de prison. La justice marocaine avait alors condamné un total de 53 activistes accusés de former le noyau dur du "Hirak" à des peines comprises entre un et vingt ans de prison. La sévérité du verdict avait suscité des réactions d'incompréhension et d'indignation sur les réseaux sociaux suivies par quelques manifestations de protestation, avec de nombreux appels à la clémence du roi. Ni le leader du mouvement Nasser Zefzafi, condamné avec trois de ses compagnons à 20 ans de prison pour "atteinte à la sécurité de l'État" ni le journaliste Hamid el Mahdaoui, qui a pris trois ans ferme après sa couverture des événements, ne figurent parmi les personnes graciées.
À l'origine, la mort d'un vendeur de poissons. La contestation dans le Rif avait été déclenchée par la mort d'un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordures en octobre 2016 alors qu'il s'opposait à la saisie de sa marchandise. Au fil des mois, la protestation a pris une tournure plus sociale et politique, pour appeler à davantage de développement et à la fin de la "marginalisation".
Une pratique traditionnelle. Mardi, Mohamed VI a également gracié 522 personnes pour la Fête de la Jeunesse célébrée au Maroc, journée qui coïncide avec l'anniversaire de ses 55 ans. Lundi, pour l'anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, il avait par ailleurs accordé 428 grâces dont 22 pour des salafistes condamnés pour extrémisme ou terrorisme mais volontaires pour un programme de réinsertion baptisé "Réconciliation" (Moussalaha).