Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a affirmé lundi que l'empoisonnement de l'ex-agent double Sergueï Skripal au Royaume-Uni pouvait être "dans l'intérêt" de Londres pour détourner l'attention du Brexit au sein de la population britannique.
Détourner l'attention du Brexit ? L'empoisonnement "pouvait être dans l'intérêt du gouvernement britannique, qui s'est trouvé dans une position inconfortable en étant dans l'incapacité de remplir ses promesses faites aux électeurs sur les conditions du Brexit", a déclaré Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse. "Cela pouvait aussi être dans l'intérêt des services spéciaux britanniques, qui sont connus pour leur capacité à agir avec permis de tuer", a-t-il poursuivi. Selon lui, Moscou n'avait aucune raison à la veille de la présidentielle et à quelques mois de la Coupe du monde de football organisée en Russie d'empoisonner son ex-espion, qui avait été condamné pour trahison avant de faire l'objet d'un échange de prisonniers en 2010.
"Des mensonges et de la désinformation". Sergueï Lavrov a également critiqué la décision de pays occidentaux d'expulser des diplomates russes de leur territoire, ce qui a provoqué une riposte symétrique de Moscou. "Lorsqu'on a pas de preuves [de l'implication de Moscou dans l'empoisonnement, ndlr], alors on se venge sur les diplomates", a-t-il déclaré, ajoutant que la Russie allait continuer à appliquer le "principe de réciprocité" dans ses relations avec les Occidentaux. Le chef de la diplomatie russe a également accusé la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et leurs alliés d'avoir "perdu toute décence" et de "recourir à des mensonges et de la désinformation purs et simples".
Vague d'expulsions. Il a ajouté que la Russie avait "de nombreuses questions" concernant cette affaire et que "l'incapacité de la Grande-Bretagne à y répondre signifiera que tout cela n'est qu'une invention et plus concrètement une provocation flagrante". L'empoisonnement avec un agent innervant le 4 mars sur le sol britannique de l'ex-espion russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia suscite depuis mi-mars une vague historique d'expulsions croisées de diplomates - au total environ 300 - entre la Russie et des pays occidentaux. Londres impute la responsabilité de cet empoisonnement à Moscou qui nie toute implication.