Joe Biden a mis en garde lundi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu contre une offensive terrestre à Rafah, au moment où Israël prépare une offensive d'ampleur dans cette ville du sud de la bande de Gaza. Dans le même temps, les États-Unis, qui font pression en faveur d'un cessez-le-feu entre le Hamas et Israël, ont dit "examiner" la réponse du mouvement islamiste palestinien qui affirme avoir accepté une proposition de trêve à Gaza, le directeur de la CIA Bill Burns négociant en personne dans la région à ce sujet.
"Je peux confirmer que le Hamas a émis une réponse. Nous sommes en train d'examiner cette réponse et d'en discuter avec nos partenaires dans la région", a déclaré à la presse Matthew Miller, porte-parole du département d'Etat, tout en refusant de la qualifier. Le président américain a "réitéré sa position claire" à Benjamin Netanyahu à propos de Rafah, lors d'un appel téléphonique lundi matin, a indiqué la Maison-Blanche. Le département d'Etat tout comme la Maison-Blanche ont dans la foulée multipliée les mises en garde en Israël, qui n'en a pas moins maintenu lundi soir son appel aux habitants des quartiers est de Rafah à évacuer la zone, en prélude à une "opération terrestre". L'armée israélienne y menait lundi soir d'intenses bombardements, rapporte une correspondante de l'AFP.
>> LIRE AUSSI - Gaza : reprise attendue des discussions au Caire sur une trêve, échanges d'accusations
Offensive à Rafah
"Nous n'avons pas vu de plan humanitaire crédible et applicable", a cependant déclaré le porte-parole du département d'État. "Nous pensons qu'une opération militaire à Rafah en ce moment même accroîtrait considérablement les souffrances du peuple palestinien (et) entraînerait une augmentation des pertes en vies humaines dans la population civile", a-t-il ajouté, répétant que les États-Unis étaient "contre". Joe Biden avait déjà déclaré au Premier ministre israélien en avril qu'une invasion de Rafah serait une "erreur", et Washington a clairement indiqué qu'il ne soutenait pas une offensive sans un plan crédible pour protéger les civils qui s'y abritent.
Rafah, à la lisière sud de la bande de Gaza, est transformée en un gigantesque camp de réfugiés abritant, selon l'ONU, 1,2 million de Palestiniens, soit la moitié de la population du territoire, pour la plupart des déplacés. En dépit des condamnations internationales, le Premier ministre israélien a promis de lancer cette offensive, indispensable selon lui, pour détruire les derniers bataillons du mouvement islamiste dans le territoire palestinien. Lors de l'appel téléphonique, Benjamin Netanyahu a, par ailleurs, "accepté de veiller à ce que le point de passage de Kerem Shalom soit ouvert à l'aide humanitaire pour ceux qui en ont besoin", a précisé la Maison-Blanche. Israël a fermé ce point de passage clé de la frontière avec Gaza après des tirs de roquettes dimanche par le Hamas.
>> LIRE ÉGALEMENT - Netanyahu : «Israël ne peut accepter» la demande du Hamas d'arrêter la guerre
Visite du roi jordanien
L'entretien téléphonique est intervenu peu avant que le président américain ne reçoive à la Maison-Blanche lundi le roi Abdallah II de Jordanie, un allié clé. La réunion en privé s'est déroulée à huis clos. La Jordanie entretient des relations diplomatiques avec Israël et compte une importante population palestinienne. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s'est récemment rendu dans le royaume, au moment où un premier convoi d'aide humanitaire jordanien partait pour la bande de Gaza, via le passage de Kerem Shalom qui venait d'être ouvert par Israël.
Reste en suspens la question de la réaction des États-Unis, principal fournisseur d'armes à Israël, si Benjamin Netanyahu poursuit cette offensive à Rafah. Le président américain a averti qu'il serait, le cas échéant, amené à "modifier" sa politique vis-à-vis d'Israël, mais sans préciser comment. Il avait lancé cet avertissement après la frappe israélienne, le 1ᵉʳ avril, ayant visé un convoi de l'ONG américaine World Central Kitchen à Gaza, tuant sept travailleurs humanitaires. Joe Biden, en pleine campagne pour sa réélection à la Maison-Blanche, est critiqué pour son soutien inconditionnel à Israël. Près de 90 parlementaires dans les rangs des démocrates américains l'ont exhorté à envisager d'interrompre ses ventes d'armes en Israël si le gouvernement israélien ne changeait pas sa manière de conduire la guerre contre le Hamas.