L'Espagne a renvoyé jeudi vers le Maroc 116 migrants africains entrés clandestinement mercredi dans l'enclave espagnole de Ceuta, lors d'une expulsion collective et ultra rapide, aussitôt dénoncée par des défenseurs des droits humains.
Un accord bilatéral conclu il y a 26 ans. "Les 116 migrants subsahariens entrés hier (mercredi) en Espagne de manière illégale à travers la frontière de Ceuta ont été réadmis par le Maroc", a annoncé la préfecture de Ceuta dans un communiqué. Cette opération se base sur "la réactivation" d'un accord bilatéral conclu il y a 26 ans par l'Espagne et le Maroc, a souligné la préfecture. Une porte-parole du ministère espagnol de l'Intérieur a défendu "la légalité" de "cette expulsion", en assurant à l'AFP que "toutes les conditions requises par la loi espagnole sur les étrangers avaient été remplies".
"Une fois que le Maroc s'est montré disposé à accepter ces personnes (...), la police nationale est allée les chercher au centre de rétention des étrangers, elles ont été transférées à un commissariat, identifiés - avec nom, nationalité, empreintes digitales - et toutes ont eu un avocat, un interprète et une aide médicale", a-t-il plaidé. "Il a été proposé à tous la possibilité de solliciter l'asile et ils ne l'ont pas fait", a assuré l'Intérieur, soulignant que "les deux mineurs présents dans le groupe sont restés en Espagne".
Une "expulsion collective" pour les ONG. Sur Twitter, l'ONG Caminando Fronteras (Walking borders) a, elle, qualifié l'opération d'"énorme violation des droits humains par le gouvernement espagnol". Sa militante Helena Maleno a condamné une "expulsion collective" en disant, dans un tweet: "L'ONU l'interdit, le gouvernement espagnol l'applique".
En octobre 2017, la Cour européenne des droits de l'Homme avait en effet condamné l'Espagne pour avoir renvoyé immédiatement et collectivement vers le Maroc, sans aucune décision administrative ou judiciaire, des migrants arrivés dans l'enclave espagnole de Melilla. Les juges avaient souligné qu'ils n'avaient "pas eu la possibilité de s'exprimer sur leurs circonstances personnelles, ni d'être assistés par des avocats, des interprètes ou des médecins". Le porte-parole du ministère a assuré que cette fois, c'était très différent. "Le gouvernement n'a pas intérêt à pratiquer un refoulement massif illégal, attirant autant l'attention, ce serait une folie", a-t-il ajouté.